Musique et politique

Le chef d’orchestre Georges Prêtre a été « rappelé à Dieu » dans sa 92e année. Suivant son souhait, la cérémonie s’est déroulée « dans le plus grand silence ». Lui qui avait dirigé les plus grandes formations internationales, dont l’Opéra de Paris, le Metropolitan Opera de New York, la Scala de Milan, l’orchestre philharmonique royal de Londres et le philharmonique de Vienne, savait l’importance du silence en musique. Ne cachant pas sa foi catholique, il était plus connu et apprécié à l’international qu’en France, même s’il avait été choisi pour diriger le concert d’inauguration de l’Opéra Bastille en 1989. En 2008, il fut ainsi le premier Français à diriger le concert du Nouvel An dans la magnifique salle du Musikverein de la capitale autrichienne. Une performance renouvelée en 2010 et traditionnellement clôturée par la célèbre Marche de Radetzky. Elle avait été composée pour honorer le vainqueur de la bataille de Custoza contre les Piémontais en 1848, qui est aussi un des principaux chefs de la réaction au Printemps des peuples dans l’empire d’Autriche.

A l’origine de toute la musique européenne, la tradition grégorienne est étudiée sous la direction de Jacques Viret et Beat Föllmi (Le chant liturgique aujourd’hui et la tradition grégorienne, éd. Hermann, 2016, 310 pages, 34 euros). Accompagnant la liturgie depuis les origines, le chant fait partie du culte, de la cantillation la plus simple à la polyphonie la plus complexe. En 1963, la constitution sur la liturgie du concile Vatican II, réaffirmant le grégorien comme chant officiel de l’Eglise catholique mais autorisant les compositions nouvelles en langues vernaculaires, a mis aux prises traditionalistes et progressistes. Un demi-siècle plus tard le débat n’est pas clos. Les contributions réunies dans le présent volume le relancent selon une perspective œcuménique, et l’envisagent sous l’angle tant musical qu’historique et théologique.

Suivant une information publiée dans le quotidien Sud-Ouest, le chansonnier Hugues Aufray, 87 ans, est candidat à l’élection présidentielle. Des admirateurs organisés dans le Mouvement Santiano ont persuadé le chanteur qui les a laissé faire sa promotion et collecter des signatures d’élus. Sauf qu’il s’agit d’un canular monté par des royalistes regroupés autour du Lys noir, mais aussi des mélenchonistes de Notre-Dame-des-Landes, en fait de dignes émules de Pierre Dac, Jean Yanne, Coluche, Thierry Le Luron et des chansonniers bouffons. D’ailleurs chaque candidat a son tube de campagne, indispensable pour chauffer les salles. Macron a choisi Closer du groupe norvégien Lemaitre, Benoît Hamon a retenu un morceau de rap du groupe Lilly & The Prick. Marine s’est fait composer une musique épique pour éviter d’avoir à régler des droits. Fillon est soutenu par Renaud. Montebourg s’est contenté d’acheter un morceau libre de droits. Ainsi la musique est indispensable à la politique et révélatrice des repères culturels, mais difficile à sélectionner pour contenter tous les électeurs.

Thierry Bouzard – Présent

Related Articles