Par Alain Sanders
A la veille des fêtes de Noël, les Pays-Bas ont eu droit à l’offensive des fêlés du racialisme mobilisés contre Zwarte Piet, l’assistant de saint Nicolas. Comme son nom l’indique, Zwarte Piet est noir. Jeanne Smits, qui connaît le sujet par cœur, a démonté dans Présent cette misérable manœuvre.
Rappelons tout de même que l’ONU, incapable de mettre fin aux massacres interraciaux, intertribaux, interconfessionnels, qui ensanglantent le monde, a trouvé du temps pour interpeller le gouvernement batave. Au motif que ses instances avaient été saisies de cette grave manifestation de « racisme ». Qui est « raciste » ? Sinterklaas, alias saint Nicolas ? Va savoir… Dans le même temps, une poignée d’excités ont demandé « le changement de couleur » de Piet…
Tout cela ne mériterait qu’un haussement d’épaule si certains autres dingos du racialisme, aux Etats-Unis cette fois, ne s’en étaient pris à Santa Claus (c’est-à-dire saint Nicolas). Au motif qu’il est… blanc.
Cette attaque surréaliste contre le jovial bonhomme a suscité la réaction – touche pas à ma hotte – de la présentatrice vedette de la chaîne télé Fox (la plus regardée aux Etats-Unis, mais ostracisée en France au profit de CNN) qui a dit grosso modo :
— Eh oui, c’est comme ça, Santa Claus est blanc. Et Jésus était blanc lui aussi. Ce sont des faits historiques. Fin de la discussion.
Jésus, un Blanc, lui aussi ? Que n’avait-elle dit là ! Un Blanc, Jésus ? Pas du tout, lui a répondu la revueThe Nation : Jésus étant né en Palestine, il devait donc avoir la peau mate et des traits moyen-orientaux. Sa représentation comme un homme blanc serait donc « historiquement fausse », mais de surcroît « théologiquement indéfendable » (sic). Ben, v’là aut’ chose… Les Palestiniens, les Maghrébins, parce qu’ils sont parfois « bronzés » (et pas systématiquement : je connais des Palestiniens et des Kabyles blonds ou roux auprès desquels certains Corses très bruns et à la peau mate feraient très… arabes), ne seraient pas des Blancs ? On est en plein délire !
Dans une tribune (pour une fois mesurée) de Libération, Didier Fassin, professeur à l’Institut d’étude avancée de Princeton, écrivait récemment : « Le cas de Santa Claus et de Jésus souligne que la seule couleur qui ne semble pas en être une, c’est le blanc. Les deux personnages, le fictif (1) et l’historique, sont à l’évidence blancs, croit-on, puisqu’on les a toujours représentés ainsi dans le monde occidental. » On les a représentés ainsi non par fantaisie ou caprice, mais parce que, historiquement, tous les deux sont blancs. Fin de la discussion.
Pour en finir avec ces polémiques misérables, on rappellera que Martin Luther King (qui paraît aujourd’hui bien modéré en regard de tels excités) expliquait que si Dieu a « fait » Jésus « blanc » alors que la majorité des peuples du monde ne le sont pas, c’est parce que sa « couleur » n’a aucune importance : le Christ est venu pour tous les hommes. Sans distinction de race.
(1) Objection, Votre Honneur : saint Nicolas n’est pas un personnage fictif !