Né en 1956, ancien professeur de religion, directeur de la revue Marie et Reine, auteur de plus de vingt ouvrages et lauréat de nombreux prix littéraires dans son pays, l’écrivain belge Jean-Pierre Snyers à pris sa plume pour écrire hier sur son blogue au pape François. Le destinataire ne manquera pas de considérer l’expéditeur comme un « rigide » : bienvenue au club ! N’empêche que notre écrivain dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas…
Bonjour pape François, avec tout le respect que j’ai pour vous, mais pas pour bon nombre de vos idées, je vous écris pour vous dire que je ne suis pas loin de quitter votre Église. Je n’aurais jamais cru qu’un pape puisse me conduire à envisager une telle rupture, mais vous avez réussi cette prouesse. Depuis votre élection, que vous devez en grande partie à l’obscur groupe Saint-Gall, je vous ai observé. Longtemps, je vous ai laissé le bénéfice du doute. Mais aujourd’hui, Saint Père, je ne peux plus reconnaître en vous Celui que vous représentez. En comparant vos discours avec ce qui est rapporté dans l’Écriture par les apôtres, je ne peux que constater que ce n’est plus l’Évangile décrit par celle-ci que vous nous présentez. Un exemple : vous parlez DES vraies religions, dont les fondements (doctrines) reposent selon vous sur la capacité de l’homme à se transcender vers l’absolu. En disant cela, vous laissez clairement entendre que la vérité est plurielle. Eh bien, il m’est de impossible de souscrire à une telle affirmation sans renier purement et simplement que le Christ est, comme Il le dit, LA vérité et le seul chemin qui conduit au Père et à la vie éternelle.
Croyez-vous, comme saint Paul que le cœur de l’Évangile est le fait que Jésus est mort et ressuscité pour nous sauver du péché et de la damnation éternelle et que, par conséquent, notre salut est en Lui seul ? Croyez-vous comme lui que celui qui annoncerait autre chose est anathème (Épître aux Galates, 1, 7-9) ? Êtes-vous fidèle à l’appel de notre Rédempteur qui nous exhorte, non pas à dialoguer en vue d’établir une religion mondiale, mais d’essayer de convertir ceux qui ne Le connaissent pas ou qui Le refusent ? À entendre vos propos syncrétistes et relativistes et à voir vos agissements, pour moi, la réponse est non.
Quand vous dites à un athée (le journaliste Scalfari) que vous ne VOULEZ PAS essayer de le convertir, je ne puis reconnaître le langage d’un saint Pierre. Et quand vous ajoutez que le prosélytisme (qui n’est jamais que le zèle déployé par un nouveau converti en vue que les autres puissent découvrir le trésor qu’il a découvert), est une idiotie, je me dis que vous condamnez les apôtres et les premiers chrétiens qui ont payé de leur sang leur fidélité à Jésus-Christ. Non, ce n’est pas en affirmant que « Dieu n’est pas catholique, qu’un tel Dieu n’existe pas » que vous allez regonfler le moral de vos troupes et que vous inciterez les autres à se convertir. Car si, comme vous le pensez, Dieu n’est pas catholique, quelles raisons aurions-nous de l’être nous-mêmes ? Vous pensez réellement que notre Rédempteur (ou les apôtres) aurait dit : « Dieu n’est pas chrétien » ? Que générez-vous en tenant de tels propos sinon le doute et la confusion ? Qui amènerez-vous à la foi chrétienne à travers ce genre d’affirmation ? J’estime que vos sous-entendus sont désastreux à l’égard du peuple des croyants et des périphéries auxquels d’ailleurs vous n’annoncez jamais la Prédication apostolique.
Pape François : un jour, dans cet au-delà dont vous ne nous parlez pratiquement jamais, vous devrez répondre à Celui qui va vous demander : « Qu’as-tu fait avec ce que tu as reçu ? As-tu fidèlement veillé à l’intégrité de la foi ? As-tu prêché la conversion en vue du salut éternel des âmes ou t’es-tu seulement consacré au salut temporel des corps ? » Vous me direz : « Dieu est miséricorde, Il ne juge pas ». Si, Il juge ! Toute la Bible le clame et le Credo l’affirme aussi! Ne vous en déplaise, pour Jésus et pour ses disciples, il n’y a pas “des” vraies religions, il n’y en a qu’une seule et celles qui ne sont pas chrétiennes ils les appellent des idoles ! Dès lors, votre religion irénique n’ayant pas sa place dans la Bible, il serait peut-être temps que vous révisiez votre idéologie en fonction de ce qu’elle dit et que vous arrêtiez de la lire avec les lunettes de cet autre évangile que vous essayer d’imposer.
Oui, que vous essayer d’imposer ! Car, au vu de la manière brutale avec laquelle vous avez d’un seul coup limogé les 27 collaborateurs du cardinal Sarah pour les remplacer par vos perroquets, au vu des nominations à la pourpre cardinalice d’archevêques proches de la « mafia » Saint-Gall (le terme mafia est utilisé avec vantardise par le cardinal Danneels qui en faisait partie), vous signifiez au monde entier, votre volonté de rompre avec cette Tradition chère à vos deux prédécesseurs et à des évêques courageux comme le sont par exemple, le cardinal Sarah ou Monseigneur Léonard.
Saint père : qui êtes-vous vraiment ? Sur quel rivage conduisez-vous la barque de Pierre ? Vous me faites peur. Je commence franchement à penser que vous êtes au service d’autre chose que de la foi catholique. Et ce n’est pas le fait que vous vous agenouillez devant les migrants mais pas devant votre Seigneur présent dans l’hostie consacrée, qui va me rassurer. Ce n’est pas non plus votre présence en Suède pour fêter les 500 ans du schisme de Luther et votre absence à la procession de la Fête-Dieu et à celle du Congrès eucharistique qui a rassemblé tous les évêques d’Italie, qui contribuera à me faire croire que vous êtes dans la bonne voie.
En écrivant cette lettre, je me sens dans une peau bien étrange: celle d’un simple laïc qui est obligé de supplier le successeur de saint Pierre, les évêques et les prêtres, d’être fidèles à la foi apostolique et catholique. Dès lors, je rêve du jour où, plutôt que de vous apitoyer sur le réchauffement climatique, vous aurez enfin à cœur de vous intéresser au refroidissement de la foi ; je rêve du jour où les médias et le monde ne vous applaudiront plus, parce que vous aurez consenti à revenir à ce à quoi le Christ vous appelle : l’annonce de cette Vérité qui est le seul chemin vers le ciel et vers Dieu, notre Père. Ce jour viendra t-il ? Je ne sais, et pour ne rien vous cacher, j’en doute très fort. Puisse néanmoins Notre Seigneur et Notre-Dame faire en sorte qu’il en soit ainsi.