Par Alain Sanders
On l’a sans doute oublié (en France), mais Richard C. Sarafian fut, dans les années soixante, un grand du western. On peut opportunément se rafraîchir la mémoire (façon madeleine de Proust si on me permet cette comparaison aventurée…), avec un coffret de deux DVD : Le Convoi sauvage et Le Fantôme de Cat Dancing.
Le Convoi sauvage (titre original : Man in the Wilderness) date de 1971. Avec au générique Richard Harris, John Huston, Ben Caruthers, Prunella Ransome.
En 1820, le trappeur Zachary Bass (Richard Harris) chasse pour le compte du capitaine Filmore Henry (John Huston) qui descend un fleuve sur un bateau tiré, depuis la rive, par des chevaux. Un jour Zachary s’enfonce dans la forêt pour retrouver une bête blessée. Il est attaqué par un grizzly qui le met en pièces. Le capitaine le laisse aux mains de deux de ses hommes chargés de l’enterrer dès qu’il mourra. Et même de l’achever s’il mettait trop de temps à mourir… C’est que le temps presse : les Indiens maraudent alentour. Contre toute attente, Zachary survit à ses blessures et il ne rêve plus dès lors que de se venger du capitaine. Et puis, au contact de la nature, qui est pourtant tout sauf amicale, il découvre le pardon.
Le Guide des films (Robert Laffont) note : « Fort belles images (notamment celles du bateau traversant, tiré ou porté par les hommes, des contrées sauvages), mais l’ensemble est un peu long. » C’est inutilement sévère car, à moins d’être fermé à l’aventure, on est captivé par le combat de ce trappeur qui annonce celui qui sera bientôt livré par Robert Redford dans Jeremiah Johnson.
Le Fantôme de Cat Dancing (titre original : The Man Who Loved Cat Dancing) est de 1973. Avec Burt Reynolds, la superbe Sarah Miles, Bo Hopkins, George Hamilton, Jack Warden, Lee J. Cobb.
C’est une histoire d’amour. Et de mort. Une femme, délaissée par son mari, est embarquée dans l’errance de pilleurs de trains dirigés par Burt Reynolds. Qui va avoir bien du mal à arracher la belle (ah ! Sarah Miles, en plein désert, à cheval, avec une ombrelle…) aux appétits rustiques de ses rascals.
Puisque l’on évoque Sarafian, rappelons un autre de ses grands films (disponible en DVD lui aussi) : Point limite zéro (titre original : Vanishing Point, 1971), sorte de western moderne avec le personnage de Kowalski (Barry Newman) qui traverse les Etats-Unis la police à ses trousses. Un road movied’anthologie au cours duquel on découvre un solitaire qui n’a pour seule amie que sa voiture, une Dodge Challenger. En chemin, il croise la route de hippies, d’un vieillard, solitaire lui aussi, d’une jeune femme. Pour survivre, il déploie des trésors d’imagination que n’aurait pas désavoués le trappeur duConvoi sauvage.