La ville de Marseille va-t-elle devenir une nouvelle porte d’entrée de l’immigration illégale en France ? La question se pose sérieusement depuis la tenue d’une réunion fin septembre de cinq pays européens consacrée aux sauvetages opérés en méditerranée (« mini sommet de Malte »).
Après l’Espagne, l’Italie, la Grèce et Malte, la France pourrait prochainement faire partie des pays européens d’arrivée par la mer de l’immigration clandestine (1). La possibilité que Marseille devienne un port d’accueil des bateaux des organisations non gouvernementales recueillant en mer des clandestins pourrait se concrétiser dans le cadre d’un accord – toujours en négociation – visant à une répartition automatique des migrants en Europe.
Si tel était le cas, ce serait non seulement un appel d’air préjudiciable à la France, mais aussi un coup de pouce à des réseaux mafieux qui prospèrent grâce à l’immigration illégale. La seule réponse raisonnable en la matière est, comme l’ont fait l’Australie et l’Italie, de mettre un coup d’arrêt à ce business cynique.
L’ampleur des arrivées en Italie par la méditerranée
S’exprimant sur la politique d’asile fin août lors d’une réunion de diplomates français, le Président Macron a réfuté la notion d’ « appel d’air » (2). Pourtant, s’il est un domaine où cette notion est pertinente, c’est bien celui de l’immigration. Il suffit de regarder le lien entre le nombre des arrivées par la mer de migrants en Italie, les gouvernements en place et la politique menée :
Année Gouvernement Nombre d’arrivées
2014 Renzi (centre) 170 100
2015 Gentiloni (centre) 153 842
2016 Gentiloni (centre) 181 436
2017 Gentiloni (centre) 119 369
2018 Conte (5 Etoiles-Ligue) 23 370
Source du nombre d’arrivées : UNHCR Operational portal, refugee situation
La chute drastique des arrivées de clandestins en Italie par la mer en 2018 a une explication : le refus du Ministre de l’intérieur Matteo Salvini (Ligue) de laisser accoster les bateaux des organisations non gouvernementales.
Autre exemple, depuis fin août 2019, la Ligue a été évincée du pouvoir. L’heure est de nouveau au laxisme. La politique du « no way », le refus d’accostage sur les côtes italiennes, est terminée. L’effet est immédiat : de plus en plus de bateaux d’O.N.G. se dirigent vers les côtes italiennes. Le nombre d’arrivées de clandestins en Italie par la mer n’a jamais été aussi important en 2019 que depuis que le nouveau gouvernement dirigé par Giuseppe Conte sans la Ligue est au pouvoir. Il y a eu 2 498 arrivées en septembre sur les côtes italiennes, alors qu’elles étaient moitié moins nombreuses en août (3).
Le droit maritime, alibi facile
L’argument mis en avant par les partisans d’un accueil des clandestins dans des ports européens est le devoir d’assistance. Pourtant, les bateaux des O.N.G. qui croisent au large de la Libye ne sont-ils pas plus près des côtes tunisiennes que de celles d’Italie et a fortiori de France ? Le droit maritime distingue clairement le devoir d’assistance et l’obligation d’accueil. Reconduire les bateaux de migrants sur le continent africain tarirait sans nul doute les départs des côtes libyennes. Mais cette option n’est jamais envisagée par nos gouvernants « progressistes ».
Des « réfugiés » ou des clandestins ?
Les migrants qui embarquent clandestinement en Libye, et de plus en plus souvent en Tunisie, sont fréquemment présentés comme des « réfugiés ». C’est passer sous silence le fait que nous sommes en présence d’une immigration illégale et souvent économique. Les migrants arrivés en Italie par la mer en 2019 sont par ordre d’importance issus de Tunisie, du Pakistan, de Côte d’Ivoire et d’Algérie. Des pays à la démographie élevée pas forcément classés parmi les dictatures les plus sanguinaires.
Alors que quiconque, même issu d’un pays sûr, peut déposer une demande d’asile en France, cette démarche permet dans la quasi-totalité des cas de rester sur le territoire. Ils ne s’en priveront pas en arrivant en France.
L’économie criminelle, bénéficiaire de l’immigration illégale
L’organisation de l’accueil de clandestins par l’ouverture des ports européens et une répartition automatique des migrants vont indirectement pérenniser, voire favoriser une économie criminelle.
Le recours aux passeurs pour atteindre l’Europe alimente une économie souterraine florissante. Le trafic d’êtres humains a permis aux passeurs d’empocher sur la seule année 2016 7 milliards de dollars, selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (4). C’est tout un secteur mafieux qui prospère grâce au trafic des passeurs.
Alors que l’armée française est engagée en Afrique sahélienne dans la lutte contre les organisations islamistes, le gouvernement se tire une balle dans le pied en acceptant l’immigration illégale. Selon Wolfgang Pusztai, un colonel autrichien, analyste politique et président du conseil consultatif du Conseil national sur les relations américano-libyennes, « il existe de fortes preuves que des groupes terroristes, tels que l’État islamique (Daesh) et l’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique, gagnent de l’argent en extorquant des convois de migrants sous prétexte de les protéger » (5). Sauf à être schizophrénique, tarir les flux d’immigration illégale reviendrait à tarir les sources de financement d’organisations que la France combat en Afrique.
Les Organisations non gouvernementales : une activité qui s’auto-entretient
Outre les passeurs, toute un secteur économique composé des bateaux des O.N.G., de leurs équipages et de leur personnel à terre, vit de subventions et de dons publics et privés (6). L’immigration illégale et le business des passeurs ne s’arrêteront pas d’eux-mêmes : trop d’argent est en jeu.
Les exemples australiens et italiens
Confronté à une importante immigration illégale, le gouvernement australien a à partir de septembre 2013 catégoriquement refusé de laisser accoster les bateaux de clandestins sur ses côtes. Cette politique, appelée « no way », a permis un arrêt brutal des arrivées. Alors que dans la période 2012-2013, on comptait 190 arrivées illégales de bateaux en Australie avec 12 700 clandestins à bord, les flux se sont taris soudainement (7).
Une enquête réalisée en octobre 2018 met en avant le fait que la mortalité en Méditerranée a baissé en 2018 quand les bateaux des O.N.G. ont réduit leur activité suite notamment aux mesures de refoulement de l’Italie (8). A contrario, les passeurs ont intégré l’idée qu’ils peuvent affréter des embarcations de fortune si un quasi « pont maritime » existe entre l’Afrique et l’Europe.
Dans ces conditions, on ne peut que saluer la vigoureuse dénonciation de la politique migratoire du gouvernement français par le maire du 7e arrondissement de Marseille, Stéphane Ravier, devant les sénateurs le 9 octobre (9).
La répartition automatique des migrants ne va faire qu’accroître les flux d’immigration clandestine. Marseille, une ville qui détient le record du nombre de morts par balle, où 28 % de la population est en dessous du seuil de pauvreté, où le salafisme est en pleine expansion (10)… deviendrait selon la décision de quelques dirigeants européens et avec l’accord du président Macron, une porte d’entrée « officielle » à l’immigration illégale.
Tout un symbole. Même l’auteur du « camp des saints », Jean Raspail, n’y avait pas pensé…
Paul Tormenen – Polémia
(1) « Migrants : Marseille pourrait devenir un port d’accueil pour les naufragés en méditerranée ». Le Figaro. 7 octobre 2019.
(2)« Macron aux diplomates : je sais que beaucoup d’entre vous ont de la défiance vis-à-vis de la Russie ». L’Opinion. 28 août 2019.
(3) « Arrivals to Europe 2019». International Organization for Migration.
(4) « Global study on smuggling ». United nations office on drugs and crime. 2018.
(5) « Non secure routes, the hidden world of illegal migration in Libya ». The Investigative journal. 1er mai 2019.
(6) « Que sait-on des bateaux qui aident les migrants en méditerranée ? ». Le Figaro. 13 septembre 2019.
(7)« SatisfiedAustralia marks six monthswith no boat people ». SBS News. 19 juin 2014.
(8) « Migrants, à qui profite le drame ? ». Causeur. Octobre 2019.
(9) « Discours de Stéphane Ravier sur l’immigration ». Polémia. 11 octobre 2019.
(10) « A Marseille, l’omniprésence d’un islam salafiste ». Le Monde. 1er février 2018.