Tout empêtrés qu’ils étaient dans la rocambolesque affaire du faux Dupont de Ligonnès, nos médias macronistes (chaînes publiques ou propriétés des milliardaires qui ont fabriqué le Président) n’ont trouvé, ces derniers jours, que de maigres plages pour évoquer les élections à la présidence des Républicains et, sauf exception, les reportages et commentaires consacrés à ce sujet tenaient en deux assertions.
La première de ces affirmations péremptoires était que ce scrutin n’intéressait personne, qu’on attendait tout au plus 30.000 électeurs et que le vainqueur, quel qu’il soit, serait élu pour accompagner l’agonie des LR en soins palliatifs depuis le départ de Laurent Wauquiez. On comprenait entre les lignes que plus rien ne pourrait désormais contrarier le confortable duel annoncé pour 2022 : Macron-Le Pen, le retour.
La deuxième assertion était que les compétiteurs eux-mêmes ne représentaient personne, qu’ils étaient des seconds couteaux de l’ancien monde et que leur débat était une farce. Il fallait voir les visages rigolards des journalistes du « Carrefour de l’info » sur CNews, expliquant, dimanche après-midi, que les trois candidats « ne boxaient pas vraiment dans la catégorie poids lourds ».
Mais voilà, les Français, qu’ils soient gilets jaunes ou ex-Trocadéro, ne se résolvent pas à vivre sous un régime oligarchique, et sitôt qu’ils entrevoient une possibilité de donner leur avis, ils s’engouffrent dans la brèche. Résultat : plus de 62.000 électeurs, le double de ce qui était escompté, et deux personnalités très intéressantes qui émergent dans le paysage politique, deux personnalités à même de contrarier Emmanuel Macron.
La première de ces personnalités, c’est évidemment Christian Jacob, le grand vainqueur du jour, avec plus de 62 % des voix, qui gagne là une incontestable légitimité et qui pourra mettre en avant tout ce qui le distingue d’Emmanuel Macron ; c’est même, à vrai dire, l’anti-Macron par excellence en raison de son extraction paysanne, de son ancrage dans les territoires, de sa physionomie bonhomme et de son conservatisme de bon sens.
Mais cette élection aura aussi permis à Julien Aubert de sortir de l’anonymat, et c’est également une bonne nouvelle pour la démocratie. Le jeune député du Vaucluse qui arrive deuxième de la compétition, avec 21 % des suffrages, est également un petit caillou fort gênant sur le chemin de son ancien condisciple de l’ENA , Emmanuel Macron, auquel il vient de consacrer un livre au titre évocateur : Emmanuel le faux prophète.
Si Christian Jacob a l’élégance de donner la place qu’il mérite à son challenger, LR pourrait repartir sur de bonnes bases et constituer, d’ici peu, une véritable alternative à LREM, une alternative enfin crédible puisque toute la fausse droite a quitté le navire, à l’instar de l’ami Raffarin qui a annoncé sa décision en ce dimanche après-midi béni !
François Falcon – Boulevard Voltaire