Tollé mardi au Sénat lors de l’adoption du projet de loi sur le droit des étrangers. “L’immigration d’aujourd’hui, c’est le terrorisme de demain”, a lancé lors des explications de vote, sous les huées de ses collègues, le sénateur non-inscrit Jean-Louis Masson.
“Je le dis très clairement: je suis hostile à l’immigration pour des raisons conjoncturelles et structurelles”, a lancé d’emblée l’élu devant un hémicycle quasi-plein, en raison du vote solennel sur l’ensemble du texte, indique Public Sénat.
“Par le passé, nous avons eu d’énormes vagues d’immigration: des Polonais, des Italiens, des Portugais. Et c’était des gens qui ne posaient pas de problèmes… Et il faut le dire. Et c’était également le cas de gens venus du Sud-Est asiatique. Et très souvent, leurs enfants étaient les premiers de la classe. Actuellement, avec des gens qui viennent d’autres endroits, ce ne sont ni les premiers de la classe… Mais oui, mais oui”, a poursuivi Jean-Louis Masson.
“Par le passé l’immigration conduisait à l’assimilation. Aujourd’hui elle conduit au communautarisme. (…) Il n’est pas pensable qu’on ait aujourd’hui des piscines où on sépare les hommes et les femmes, qu’on fasse des menus communautaristes dans les cantines scolaires”, a-t-il encore expliqué.
Et de conclure: “Tout à l’heure, on nous a dit que l’immigration avait conduit à des gens qui étaient de très bons Français, des Français remarquables. C’est vrai: Necker, Madame Curie, etc. (…) Simplement, j’aurais aimé que la liste continue. Mohamed Merah, Amedy Coulibaly, ce sont les terroristes aujourd’hui! L’immigration d’aujourd’hui, ce sont les terroristes de demain!”
Une saillie anti-immigrés qui lui a valu les applaudissements de deux sénateurs FN, David Rachline et Stéphane Ravier, mais surtout les huées d’une grande majorité de ses collègues à la chambre haute.
Le président du groupe PS au Sénat, Didier Guillaume, le secrétaire national du Parti communiste et sénateur CRC Pierre Laurent, et le président du groupe écologiste au sénat Jean-Vincent Placé l’ont tous trois rappelé au règlement après le vote.
“Veuillez vérifier si monsieur Masson n’a pas passé les bornes admissibles, et en tirer les conséquences”, a demandé Didier Guillaume au président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains).
“Je le ferai, comme je l’ai déjà dit en privé à l’un de nos collègues”, a répondu Gérard Larcher.
“Tout cela, qui rejoint certains propos tenus hors de cet hémicycle par une députée européenne sur la prétendue ‘race blanche’, est indigne de notre Haute Assemblée”, a pour sa part souligné Jean-Vincent Placé.
Auparavant, la sénatrice écologiste Esther Benbassa avait regretté, au nom de son groupe, “que la droite sénatoriale, victime de la fébrilité qui précède les élections, ait choisi de faire le jeu du FN en durcissant le droit”.
Le Sénat à majorité de droite a adopté mardi, à l’issue d’un débat houleux, le projet de loi sur le droit des étrangers en le durcissant, établissant notamment des quotas pour chaque catégorie de séjour. Une commission mixte paritaire (CMP) va être à présent réunie pour trouver une version commune aux deux chambres. En cas d’échec, probable, c’est l’Assemblée nationale, où la gauche est majoritaire, qui aura le dernier mot et devrait rétablir la version du gouvernement.