Un système d‘éclairage de pointe a été inauguré ce mardi dans l’emblématique Chapelle Scrovegni à Padoue (Italie). Elle abrite la fresque de Giotto di Bondone (1267-1337), l’un des précurseurs de la Renaissance. En tenant compte de la lumière naturelle, le système fait ressortir les couleurs de l’oeuvre du Florentin né il y a exactement 750 ans, sans émissions nocives.
La Chapelle des Scrovegni, est un chef-d’œuvre d’art absolu. Voulue par Enrico Scrovegni, un usurier riche et puissant, la Chapelle fut peinte à fresque par Giotto. Il a fallu 855 jours pour terminer les œuvres, réalisées entre 1302 et 1305.
Devenue chapelle de Famille annexée au palais bâti sur un amphithéâtre romain de l’an 60 av. J.-C., ses espaces intérieurs présentent environ 1000 m carrés entièrement couverts de peintures évoquant des épisodes du Vieux et du Nouveau Testament. La Chapelle, dédiée à la Vierge Annoncée, bâtie en mémoire de Reginaldo Scrovegni, père d’Enrico Scrovegni, placé par Dante Alighieri dans le cercle de l’Enfer dans la Divine Comédie en tant qu’usurier, se présente comme une grande pièce avec un presbytérium accueillant le sarcophage du commanditaire. Elle possède un style architectural essentiel, qui lui a probablement été conféré par Giotto, se caractérisant par des fenêtres hautes et étroites et d’une fenêtre de lancette triple de style gothique sur la façade.
La décoration de la chapelle fut confiée à Giovanni Pisano qui réalisa trois statues pour l’autel entièrement en marbre figurant la Vierge à l’Enfant entre deux diacres, tandis que Giotto accomplit le cycle de fresques. A l’époque Giotto se trouvait à Padoue, accueilli par les Frères mineurs, pour embellir la Chapelle Saint-Antoine mais il était déjà connu pour avoir peint à fresque la Basilique Saint-François d’Assise et celle de Saint-Jean-de-Latran à Rome, mis à part le célèbre Palais de la Raison de Padoue, un chef-d’œuvre d’art du XIVe siècle.
Pour le cycle de peintures fut utilisé la technique de la fresque – qui s’appelait ainsi du fait qu’on réalisait les œuvres sur le mortier frais de façon que la couleur s’imprègne avant le séchage- et les tonalités incroyables des œuvres, comme le célèbre (et très cher) bleu outremer, ont été obtenues pas Giotto en utilisant des pigments de couleurs qui arrivaient à Venise depuis plusieurs endroits du bassin méditerranéen.
Bien que plusieurs peintures s’inspirent d’épisodes du Nouveau et du Vieux testament, parmi les représentations se distingue le “Jugement dernier” qui recouvre une entière façade de la chapelle, figurant le Christ juge et roi parmi les apôtres avec, en-dessous les forces du Mal serrant et capturant les pécheurs.
Dans l’ensemble la sensation pour les visiteurs se trouvant à l’intérieur de la chapelle est celle de se trouver à l’intérieur d’une Arche avec de nombreux hublots contenant les peintures sur support rond figurant le Christ parmi les Evangélistes et les Prophètes.
Les scènes représentant les vertus et les vices capitaux constituaient un véritable vade-mecum de comportement pour les chrétiens de l’époque.
Sous la voûte en berceau figurant un ciel étoilé soutenu par des faux-marbres peints, les formes apparaissent naturelles et réalistes avec des amples drapés. Elles racontent visuellement des épisodes de l’histoire du christianisme s’inspirant de la théologie de Saint-Augustin.
Giotto acheva l’œuvre avant d’avoir accompli quarante ans, et ce chef-d’œuvre est comparé dans le monde entier à la grandeur et à la beauté de la Chapelle Sixtine de Rome enrichie des œuvres de Michel-Ange.