La Fête de l’Humanité aura lieu du 15 au 17 septembre, à la Courneuve. Créée en 1930, cette fête politique est organisée par le magazine fondé par Jaurès et qui, aujourd’hui, ne vivrait pas sans les subventions de l’Etat. Elle a été l’objet d’un article dithyrambique sur le site de France Info, qui ressemblait presque à un publi-communiqué. « 450 stands, 150 débats, 60 concerts… La Fête de l’Huma, c’est chaque année l’occasion de faire des rencontres, d’assister à des débats, de voir et d’entendre de nombreux artistes pendant un long week-end de trois jours. »
Annonçant le programme des trois jours de fête, le service public n’a pas été avare d’informations. On apprendra que le thème de la nouvelle édition porte sur « la paix et la solidarité, autour notamment du peuple turc, des migrants et de la lutte des peuples du Proche-Orient ». Il se tiendra évidemment un « village du monde » qui rassemblera à peu près tous les peuples, opprimés ou pas, mais pas le peuple français : « Palestiniens, Kurdes, Italiens, Espagnols, Cubains, Colombiens et autres citoyens du monde ». Le sort des réfugiés sera également au cœur des débats, avec un peu d’écologie pour enrober le tout (les « grands défis environnementaux »).
Comme on ne fait pas que débattre à la Fête de l’Huma, plusieurs artistes sont attendus sur les scènes musicales du festival, comme Iggy Pop, Renaud, Feder, Gojira, S-Crew, Dub Inc. Des films seront projetés, comme l’histoire du combat d’Act Up 120 battements par minute de Robin Campillo, mais aussi Les Tontons flingueurs de Georges Lautner, La Sociale de Gilles Perret.
En conclusion de cet article enthousiaste, on apprend que la chaîne publique (radio, télévision et site web) payée par la redevance du contribuable, participera activement à cet événement. « France Info installe son atelier radio au cœur de la Fête de l’Humanité et invite le public à s’essayer au micro, sessions de 45 minutes pour devenir journaliste, présentateur, chroniqueur et technicien le temps d’une édition d’information. » Un jeu concours pour gagner des places pour la Fête de l’Huma était même proposé sur la page. Une telle promotion aurait-elle pu se produire dans le cadre d’un événement politique de droite ? Imagine-t-on la fête de Radio-courtoisie promue par le service public ? Poser la question, c’est déjà y répondre… Il serait juste, pourtant, de défendre la diversité des opinions des contribuables qui paient cette redevance.
On se demande pourquoi un organe du service public peut prendre parti avec autant d’aisance – et de façon si « décomplexée » – pour un événement politiquement marqué, sans être recadré par le CSA. Certes, la Fête de l’Huma existe depuis longtemps dans le paysage français, mais ses organisateurs assument toujours son aspect éminemment politique – et pas, du moins pas en premier lieu, culturel. Ces médias qui, à longueur de journée, prétendent défendre la « neutralité » et l’« objectivité », viennent de prouver, et de façon magistrale, qu’ils ne le sont pas.
