Un document pédagogique pour sensibiliser les écoles catholiques aux évolutions culturelles et religieuses de la société française sort mercredi 13 septembre.
Accueillant de plus en plus d’élèves issus d’origines et de confessions différentes, l’enseignement catholique veut renforcer le dialogue des cultures et religions au sein des établissements.
Le document propose, en quatre livrets de quarante pages, d’insérer de l’interreligieux dans les cours, notamment dans les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI).(…)
Par la diffusion de ce document destiné à éveiller et former le corps enseignant à toutes les cultures et religions, les écoles catholiques souhaitent prendre en compte les évolutions de la société française. «Auparavant, le terreau des élèves en établissements catholiques était essentiellement chrétien. À l’image de la société française, le profil des élèves a évolué. Nous accueillons aujourd’hui des musulmans, des juifs ou des bouddhistes », observe le diacre, soulignant la logique de « l’adaptation » qui prévalait alors : « Si un ou deux élèves non-catholiques ou athées refusaient la catéchèse, nous leur proposions autre chose. »
Joseph Herveau est conscient des risques que suscite une telle démarche : repli identitaire de certaines familles catholiques, tentées par les écoles catholiques hors contrat, accusation de relativisme réduisant l’enseignement catholique à « une école comme les autres ». D’un établissement à l’autre, chaque diocèse pourra ajuster les réponses en fonction des contextes. Joseph Herveau précise néanmoins qu’il ne s’agit pas d’un « texte pour les banlieues ». « Dans un monde de plus en plus mobile, tous les jeunes sont confrontés à l’interreligieux et l’interculturel, y compris en zones rurales ».
C’est là un des dégâts collatéraux de l’immigration et de la présence de plus en plus importante de l’islam dans notre pays : le nombre sans cesse croissant d’élèves musulmans dans les écoles catholiques. Sans doute, ces musulmans-là ne sont pas les plus « extrémistes », mais il n’empêche : plus ils sont nombreux moins il y a de place pour les jeunes catholiques, alors que la demande croît, les listes d’attente se multiplient. Dans certains quartiers de Marseille et des régions industrielles du Nord, la proportion de musulmans dépasse les 50 %, de même qu’en Seine Saint-Denis, avec des pointes à 80 %, comme dans tel collège de Marseille.
Selon la loi Debré, les établissements privés ont l’obligation d’accepter tout le monde sans se soucier de la religion des demandeurs, mais la même loi est censée protéger le caractère propre des écoles catholiques. Or, cet aspect quantitatif a bien évidemment un retentissement sur le caractère spécifiquement catholique de ces établissements, ce dont la direction de l’enseignement catholique vient de prendre acte dans un document de 40 pages, destiné aux enseignants. Il est intitulé Eduquer au dialogue, l’interculturel et l’interreligieux en Ecole catholique.
Il ne s’agit plus seulement, si on ose dire, de laisser la chapelle à la disposition des élèves musulmans lors du ramadan ou d’adapter les horaires des cours pendant cette période, comme cela se fait dans nombre de collèges catholiques, ou encore de permettre le port du voile aux jeunes filles. Il est question désormais d’instaurer un enseignement interreligieux unique pour les catholiques et ceux des autres religions.
La tentation des écoles catholiques hors contrat
Joseph Herveau, responsable de l’interreligieux au sein de l’enseignement catholique et diacre du diocèse de Saint-Denis, a expliqué dans La Croix que, jusque-là, « si un ou deux élèves non-catholiques ou athées refusaient la catéchèse, nous leur proposions autre chose ». Un enseignement de culture religieuse et civique, par exemple. Mais devant l’afflux de « non-catholiques » – pour ne pas dire musulmans – cela ne suffit plus puisqu’ils sont souvent aussi nombreux, parfois plus, que les catholiques. Que faire ? Les écoles catholiques doivent tenir compte des évolutions de la société française et « s’adapter ». En l’occurrence, effacer la séparation entre les uns et les autres, catholiques et adeptes d’autres confessions, en insérant de « l’interreligieux » dans les cours, notamment dans les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) prévus par la loi. Les professeurs trouveront donc des fiches leur expliquant comment faire.
La Croix écrit que « Joseph Herveau est conscient des risques que suscite une telle démarche : repli identitaire de certaines familles catholiques, tentées par les écoles catholiques hors contrat, accusation de relativisme réduisant l’enseignement catholique à une école comme les autres ». Mais comment juger autrement une école qui se réclame de l’Eglise mais qui ne dispense plus de catéchèse aux élèves catholiques mais leur sert un indigeste salmigondis interreligieux commun à leurs condisciples musulmans ?