Lorsque l’on évoque devant vous la robe noire, vous viennent peut-être à l’esprit – comme à moi – les grands noms de Jacques Isorni, Jean-Louis Tixier-Vignancourt, Jean-Marc Varaud, Georges-Paul Wagner. La paradoxale, mais cependant haute figure de Jacques Vergès, tentera peut-être de se glisser par la fenêtre. Et puis, comment oublier la relève des Pichon, Triomphe et Montbrial ? Mais la profession compte des représentants moins remarquables, qui n’hésitent pas à venir dans le prétoire les souliers crottés. Karim Achoui, radié du barreau de Paris le 13 janvier 2011, n’a pas fait que défendre des bandits afin d’assurer son lancement médiatique, ce qui pourrait difficilement lui être reproché. Si l’ordre lui a opposé de « nombreux manquements déontologiques » et une « volonté de rester en marge des principes régissant la profession d’avocat », c’est que le sieur Achoui a une conception « libérale » – dirait-il – du droit. Bien qu’il fût acquitté dans plusieurs affaires en lien avec le grand banditisme, dont l’évasion d’Antonio Ferrara en 2003 fut la plus retentissante, Achoui a bel et bien été condamné pour complicité de faux dans l’acquisition d’un commerce au nom de son ex-femme. Son cabinet, mis en liquidation judiciaire, a par ailleurs lésé divers créanciers à hauteur de 500 000 euros. Une bagatelle !
L’avocat du Milieu au secours des musulmans
Alors que l’on pouvait s’attendre à voir disparaître des écrans médiatiques « Maître » Achoui, ce dernier profite depuis février dernier d’un accord franco-algérien de 1962 pour fouler à nouveaux les salles d’audience françaises. Bi-national, il a en effet prêté serment devant la cour d’appel d’Alger le 14 février, ce qui lui donne désormais le droit de plaider à Strasbourg comme à Nantes. Mais accrochez-vous bien, Achoui n’aspire nullement à faire profil bas et revient tambour battant sous le pavillon de la Ligue de défense judiciaire des musulmans (sic) ou LDJM. Il a notamment publié un guide pratique « baptisé » Musulmans, quels sont vos droits ? et fournit sur internet des fiches pratiques gratuites, notamment sur le port du voile dans les lieux publics. Passant à l’action sur le terrain judiciaire, l’association et son fondateur viennent notamment de déposer un recours en référé-suspension à l’encontre de la décision du maire LR de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, de ne plus prévoir de menu de substitution dans les cantines à partir de la rentrée. Le tribunal administratif de Dijon devrait rendre sa décision dans les jours à venir (Référé rejet, plus précisément le caractère urgent du référé par la LDJM contre le maire et non la question de fond de la distribution de repas sans porc, qui demeure. NDLR). Notons, parmi les avocats de la LDJM la présence – surprenante ?* – de Nicolas Gardères, par ailleurs sociétaire du Bistro Liberté sur TV Libertés.
Un droit piégé, contre l’identité française
Au-delà du cas Achoui et de cette affaire de Chalon, il faut noter la progression des revendications communautaires de la part des musulmans présents sur notre territoire, qui tentent de s’organiser via des organisations telles que la LDJM ou le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) du très modéré Marwan Muhammad. Or, la législation française, en matière de laïcité ou de lutte contre les discriminations, offre désormais tous les outils nécessaires à ces différents groupes pour faire avancer leurs revendications. Nous ne rappellerons jamais assez que les juges, qu’ils soient européens ou français, ont depuis longtemps confisqué le pouvoir au peuple de France. Avec ou sans un Karim Achoui…
Pierre Saint Servan – Présent
* C’est sur TV Libertés que sa présence est surprenante!!! (NDLR)