La République exemplaire fait ses cartons et s’assoit sur ses principes. Le pédalo de Hollande prenant l’eau, les petites souris quittent le petit rafiot et se cherchent un gruyère. À un an de la présidentielle, même ceux qui sont censés y croire, comme le porte-parole du gouvernement lui-même, M. Le Foll, hollandais historique et animateur du fan club « Hé oh la gauche », pensent à l’après, quand la droite sera au pouvoir, que les circonscriptions se feront rares pour les socialistes et qu’il faudra – tripartisme oblige – partager les miettes de l’opposition avec un troisième larron.
Une défaite, donc, cela se prépare. Et il faut saluer cette sage anticipation, cette capacité à se projeter, ce souci de la prévision. Assurer ses arrières, sa carrière : c’est peut-être le seul domaine où ils auront su anticiper… Donc, M. Le Foll, qui est aussi ministre de l’Agriculture, souhaite recaser son directeur de cabinet, M. Philippe Mauguin, à la tête de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Normal.
Sauf que les chercheurs sont vent debout contre ce « parachutage » d’un politique à la tête d’un organisme de recherche, et une pétition a rassemblé plus d’un millier de signatures en quelques heures. Car, faut-il le rappeler, le R de INRA, c’est « recherche ». Et l’INRA est le premier organisme de recherche agronomique en Europe. Certes, M. Mauguin est diplômé de l’École des Ponts, mais il n’a pas le fameux doctorat. Et les chercheurs auraient aimé avoir à leur tête un représentant, si possible reconnu internationalement, de la recherche française, et non un haut fonctionnaire qui a fait sa carrière dans les cabinets ministériels. On peut au moins reconnaître à cet homme l’honnêteté de ne pas s’être fabriqué un doctorat un peu facile ou un peu plagié, comme d’autres.
Mais M. Le Foll, devant la fronde des chercheurs relayée par le député LR M. Hetzel à l’Assemblée, a défendu, mordicus, le choix de M. Hollande dans son communiqué du 4 juillet, indiquant qu’il « envisageait » de nommer M. Mauguin. Et plutôt que de simplement « assumer », comme on dit aujourd’hui, il a argumenté. Et argumenté en se fondant sur la… « transparence » ! Il a osé. Osé dire que, selon la loi, « une commission d’experts incontestables » avait examiné les dossiers des candidats, que son rapport serait transmis aux présidents des commissions des deux assemblées. Et bien sûr, in fine, c’est M. Hollande qui décidera, au creux de l’été. Ce qu’il a déjà décidé. Et cette damnée transparence ne révélera pas les conclusions du rapport !
Au-delà de la série des mensonges et des indécences de la présidence Hollande dans laquelle il s’inscrit, ce nouvel épisode est révélateur du mépris profond des hiérarques socialistes pour la recherche et le doctorat français d’excellence : pseudo-doctorats de personnalités ici ou là, absence de doctorat ici, dévalorisation systématique du doctorat dans la réforme envisagée par ce pouvoir déliquescent.
Chercheurs, vous aviez voté Hollande! Hollande vous l’a bien rendu…