14L’UE a alloué plus de 100 millions d’euros à la Pologne pour financer la construction d’au moins trois aéroports « fantômes », dans des endroits où les passagers se font trop rares pour assurer leur rentabilité, rapporte Euractiv. Avec, pour résultat, « des terminaux d’aéroport tout neufs rutilants » mais qui restent désespérément vides, même au cœur de la haute saison. Et pour y attirer les compagnies aériennes, il faut dépenser des millions d’euros, précise le site.
La Pologne n’est pas la seule. Près de 80 aéroports disséminés dans toute l’Europe attirent moins de 1 million de passagers par an et près des trois quarts d’entre eux fonctionnent à perte.
L’aéroport espagnol de Castellón répond bien à cette description. Ouvert depuis trois ans, il n’a jamais vu un seul avion décoller de ses pistes, ou y atterrir. Un autre aéroport espagnol, celui de la ville de Ciudad Real, est emblématique de la bulle immobilière espagnole. Il a été mis en ventes aux enchères l’année dernière après avoir été fermé définitivement en avril 2012. Les administrateurs de l’aéroport avaient imposé à l’acquéreur éventuel de bloquer à titre de garantie 5% des 100 millions qu’ils réclamaient pour le prix, mais même à ce prix réduit (il aurait coûté près d’un milliard d’euros…), l’aéroport n’a pas trouvé preneur. Une deuxième vente aux enchères vient d’être planifiée, avec un prix proposé de 80 millions d’euros.
Entre 2007 et 2013, la Pologne a reçu 615,7 millions d’euros de soutien de la part de l’UE pour s’équiper en aéroports. C’est presque deux fois plus que le second plus grand bénéficiaire dans ce domaine, à savoir l’Espagne, et plus du tiers de ce qu’ont reçu les autres Etats membres de l’UE pour leurs aéroports. Le gouvernement polonais n’a pas communiqué d’informations sur les facteurs qui influencent la construction d’aéroports, mais Reuters a pu vérifier certaines données pour 3 sites qui indiquent que leur fréquentation est très inférieure à ce qui avait été envisagé.
Cependant, la Pologne est l’un des utilisateurs les plus efficaces des aides européennes, et ce phénomène ne relèverait pas d’un problème de corruption. Néanmoins, les critiques se demandent comment le gouvernement gèrera les futurs investissements dans le pays. Il est en effet prévu que la Pologne reçoive 82 milliards de subsides européennes au cours des 7 prochaines années.