Un électorat à vomir » : le verdict d’Henri Guaino, perdant à Paris tout espoir de poursuivre sa vie politique, est implacable. Pour lui, le règne des bobos est arrivé. Les valeurs qui ont fait la France vont disparaître, au moins le temps de ce quinquennat hors normes.
Mais qu’arrive-t-il donc à la France, de vouloir ainsi confier son avenir à une start-up politique plutôt que de choisir de repartir sur un pied neuf après quarante ans d’un désastre qui la conduit tout droit au suicide annoncé par Éric Zemmour ?
Les Français se seraient-ils fait abuser par ce jeune homme, au demeurant charmant, légèrement ambigu, époux d’une femme surprenante ? Ont-ils subi un lavage de cerveau par une équipe de com’ jeune, dynamique, entreprenante ? Ou ont-ils tout simplement perdu l’espoir, pour confier leur vie et celle de leurs enfants à un quarteron d’ambitieux qui promettent tout et n’importe quoi, quel qu’en soit le prix à payer ?
Dimanche, un tsunami a enseveli les hommes et les femmes politiques (celles et ceux, comme diraient les promoteurs de la start-up Macron) de toute une génération, et plus encore. Dimanche, les Français (enfin, 50 % des électeurs français, ceux qui ont bien voulu se déplacer pour s’intéresser à l’avenir de leur pays) ont choisi de privilégier de parfaits inconnus sous prétexte que, sur leurs affiches, le tout neuf Président posait à leur côté.
La macronite aiguë semble s’accélérer au fil des élections, alimentée par une presse qui verse plus désormais dans le people que dans la stricte politique. Macron à vélo dans les rues du Touquet. Macron en selfie là où il se rend. Macron au standard de l’Élysée. Macron imaginé comme un Kennedy dont il est vrai qu’il a le même sourire aux dents éclatantes. Macron populaire. Macron royal.
Macron souverain. Et lorsqu’un député britannique évoque un Macron napoléonien, il affuble notre digne empereur du titre de dictateur.
Dimanche, si jamais les Français se décident à se rendre dans leur bureau de vote pour y pratiquer la démocratie, il est urgentissime qu’ils refusent, front ripoublicain ou pas, de donner les pleins pouvoirs à Emmanuel Macron aussi brillant et intelligent qu’il soit. Dimanche dernier, ils ont éliminé de très nombreuses valeurs politiques. Ça suffit !
Un contre-pouvoir, si faible soit-il, est indispensable à une démocratie saine.
Floris de Bonneville – Boulevard Voltaire