Ne sois pas fâché

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Rosa Coscolin Figueras est née le 25 octobre 1922 à Vilafranca del Penedès (Province de Catalogne) Espagne. Elle est l’aînée des 4 enfants qu’auront Vicente Coscolin et Teresa Figueras. Ses deux soeurs se prénomment Désideria et Carmen et son frère Salvador. Rosa Coscolin Figueras rencontrera très jeune Guillermo Tejero Benito, militaire de son métier et guitariste à ses heures.
Ils se marièrent le 20 décembre 1938, en l’église de Caspe, petite ville située dans la province de Saragosse, Espagne.
Le couple aura 3 enfants, 3 filles issues de cette union : Maria José, l’aînée, Maria Isabel dite Maribel et la plus jeune Rosa Maria dite Rosita .C’est au tout début des années 1950 que Gloria a eu l’opportunité de se faire remarquer pour ses talents de chanteuse. C’était en Espagne à radio Madrid où elle était présentatrice d’une émission de variétés.
Une chanteuse assez célèbre, Mirtha, devait se produire en direct. Cette artiste avait eu le mauvais goût de décéder en cabine d’une crise cardiaque juste au début de sa prestation.
Panique dans le studio ! Mais il fallait enchaîner. Gloria qui connaissait la chanson, s’est proposé de la remplacer au pied levé pour ne pas interrompre l’émission. Ce fut fait dans l’affolement général.

Dès les jours qui suivirent… surprise ! La station de radio a été submergée de courriers pour savoir qui était cette chanteuse avec une si jolie voix.
Il fallait trouver un nom très vite. Gloria, qui était mariée à Guillermo Téjéro et ce dernier ayant pris pour non d’artiste, « Guillermo Lasso » a accepté de prêter ce nom de « Lasso » à sa femme pour la circonstance.

C’est ainsi que « Gloria Lasso y su guitarrista Guillermo » ont commencé une carrière sur différentes scènes de théâtres et cabarets à Madrid.
Carrière modeste au début, mais des producteurs de disques ont bientôt voulu faire des enregistrements (78 tours à l’époque) bien sûr avec orchestre et non pas avec un simple guitariste.

Guillermo s’est donc retrouvé sur la touche et plus ou moins de bonne grâce, il a accepté que son épouse fasse cavalier seul, non sans avoir négocié le nom qu’il lui a cédé pour la somme de 25.000 pesetas, somme considérable à l’époque.

En effet, c’était un peu cher payé pour un lasso à mon avis, et la transaction fut faite devant notaire.
Gloria gagnait ainsi sa liberté, et surtout prenait ses distances vis-à-vis d’un mari avec lequel elle ne s’entendait plus .

Et puis un jour, sans engagements précis, elle a débarqué Gare de Lyon à Paris pour tenter sa chance en France et surtout pour fuir ce mari, à ses dires, très encombrant confiant ses trois filles en bas âge à sa belle-mère qui n’acceptait pas trop les comportements de son propre fils du reste !

A Paris, parlant très peu le Français, elle a fini par trouver un engagement dans un Restaurant Russe du coté des champs Elysées « Dinarzade » puis à la « Puerta del sol » et là elle y rencontre un énorme succès.

Le panorama de la chanson française n’était pas florissant : Rina Ketty attendait toujours le retour d’on ne sais qui ; Brel, Aznavour, Bécaud et Brassens étaient à peine connus, voire pour certains encore inconnus, et mis à part la grande Edith Piaf on ne se bousculait pas au portillon!! la fraîcheur de sa voix, l’exotisme , a fait l’effet d’une véritable bombe auprès du public de ce cabaret.

Vite repérée par les gens du métier qui fréquentaient les boites parisiennes à la recherche de nouveaux talents, il n’a pas fallu longtemps pour que Gloria signe un premier contrat chez Pathé Marconi avec une avance financière importante. Puis, après avoir vendu un million de disques de « Etrangère au paradis » ce qui ne s’était jamais vu pour aucun artiste auparavant et en si peu de temps (un mois) elle se retrouva avec une somme d’argent en royalties à faire tourner la tête. Francis Blanche qui avait écrit les paroles n’a pas dû en revenir non plus ! Quand à Borodine il a dû frétiller de joie au paradis !
Gloria , malgré le tourbillon des succès, a pris le temps d’aller récupérer ses filles en Espagne à grands renfort de journalistes et photographes, car son succès avait franchi les Pyrénées, grâce aussi à Radio Andorre qui en avait fait son idole.

La suite est connue .Volant de succès en succès, un mariage un peu raté avec son coiffeur, une liaison avec un journaliste, une vie trépidante, un enchaînement de tournées, d’enregistrements ….pendant qu’à son insu quelques individus ne se gênaient pas pour la dépouiller de toutes les manières possibles !
Je connaissais bien Gloria. Elle n’était pas du tout versée dans les comptes et n’entendait rien aux choses d’argent. Elle m’a même dit un jour ne jamais avoir été capable de connaître le montant de ses avoirs financiers.
Par contre d’autres étaient très informés….hélas ! car le jour où les huissiers ont pointé le bout de leur nez, après la fameuse tournée du cirque Pinder, où son imprésario déclarait au fisc la totalité de ses cachets qui étaient énormes et s’en mettait la moitié dans la poche ( dixit Gloria) ce fut un choc !
Un choc tel que quelques années plus tard, ne parvenant pas à rétablir sa situation financière ,elle a accepté une opportunité très avantageuse d’une longue tournée au Mexique.
Mal lui en a pris, d’aucuns ont saisi l’occasion pour finir de la ruiner en France en dispersant le peu qu’elle y avait laissé, et d’autres de nuire à sa carrière !
Mais Gloria le raconte en détail dans son livre « Je plaide coupable » .

Au Mexique, Gloria a commencé à faire un gros succès avec la reprise en espagnol de ses chansons Françaises, puis en enchaînant avec des chansons d’auteurs mexicains . Son succès et sa notoriété s’étendirent dans tout le continent sud-américain ainsi qu’aux U.SA. et au Canada.

Elle voulait bien sur revenir en France , mais l’état dans lequel était resté sa situation financière et fiscale rendait la démarche périlleuse. On lui racontait qu’elle irait sûrement en prison si elle y revenait. Evidement cela arrangeait bien les affaires de ceux qui s’employaient à terminer le pillage en règle !

Gloria est donc restée au Mexique, enchaînant succès après succès, disque d’or à Miami, pièce de théâtre à Mexico, en fait une carrière bien menée et surtout avec un peu moins de parasites autour d’Elle .

Mais Gloria aimait beaucoup la France et n’aimait pas les échecs; aussi, en 1972 , elle décide de revenir faire un peu parler d’elle. Evidement elle n’était pas oubliée, ni par ses fans, ni par le percepteur du reste.

Un album, « à force d’espérer », quelques prestations de télévision mais le succès n’était pas au rendez-vous, enfin tel que le souhaitait Gloria du moins. Trop longtemps absente, Dalida avait de ce fait pris le haut du pavé dans les chanteuses de sa génération .

Mais surtout à mon avis, Gloria n’avait pas autour d’elle une structure valable de gens du métier pour assurer une promotion efficace .En effet, les agents, producteurs, ou autres requins navigants dans ces eaux là avaient d’autres poissons à croquer !
Après deux années passées en France, Gloria est donc retournée reprendre sa carrière au Mexique, ou elle a continué à faire disques et tournées.

Si Pascal Sevran, en 1985 ne s’était pas mis en tête de faire revenir Gloria Lasso nul doute qu’elle n’aurait jamais plus remis les pieds sur notre sol.
Et il a insisté le bougre ! Coup de tel sur coup de tel ,quelques fois sans trop se soucier du décalage horaire ! Gloria m’avait dit qu’elle ne voulait plus entendre parler de ça , mais Maria José sa fille aînée a également insisté et après de nombreuses tractations, Gloria a finalement accepté.
Bien heureusement du reste , car il s’est passé pas mal de choses intéressantes, notamment en renouant avec L’Olympia pour un gala mémorable qui fit venir le tout Paris ! Mais pas dans la dimension qu’espérait Gloria.

On ne quitte pas une carrière pendant près de 20 ans sans dommages même si on est pas oubliée . Bien des animosités se réveillent et le chemin n’est pas parsemé de roses dans un milieu où, plus que jamais, le principe de la rentabilité immédiate est plus développé encore qu’en 1972 . Le métier est encombré d’une foule de petits chanteurs dits « kleenex » Les producteurs veulent gagner vite et beaucoup et on se fiche pas mal des chanteurs ou chanteuses en 1985.

Gloria a réussi tout de même à s’entourer de gens très valables. Hugo Paulin son agent, Denis Tarento qui dirige une agence de presse et la fait poser dans « Lui » Jean-Yves Rogale et quelques autres personnes que je n’ai plus en mémoire. Quelques individus négatifs aussi, et pas des moindres…… Des galas , des tournées , des télé en France en Belgique en Espagne et même en Suisse.

Mais pas le gros « boum » qu’espérait Gloria qui hélas, évoluait dans un contexte qu’elle ne maîtrisait pas, d’autant qu’elle plaçait la barre très haute, à mon sens. Le plus lamentable de cet état d’esprit du show buisness français a été pour moi de constater que la plupart des décideurs d’émissions de télévision ou de radio ne faisaient appel à Gloria que pour écouter raconter des histoires de maris, et servir de tête de turc .Elle a même dû pour des raisons de promo « épouser » un gamin en âge d’être son petit-fils .Cela la rendait malade mais pas moyen de faire autrement pour que les médias s’intéressent à elle .

Elle en avait conscience et cela la navrait mais elle se prêtait au jeu car, contrairement à ce qui se disait, Gloria n’était pas une « emmerdeuse » tout juste une vraie pro comme il n’en existe plus guère .
Au cours de ses dernières années de séjour en France, Gloria rencontre Gérard Tempesti producteur de disques qui lui fit enregistrer son dernier album et notamment une version « Gipsy » de los gitanos.
Et puis il projette un nouvel album dans ce style dont elle enregistre trois titres. Gérard Tempesti dont Gloria disait avec son accent inimitable,
« c’est bien le seul producteur honnête que je rencontre ! »

L’an 2000 est passé, Gloria fait quelques aller et retour France/Mexique, mais malgré sa volonté de revenir pour terminer cet album, elle préfère attendre un peu car elle se sent fatiguée. Mais ne rien faire quand on s’appelle Gloria Lasso ce n’est pas possible ! Alors elle entreprend un gala à Cuernavaca, sa ville d’adoption au Mexique, et elle y fait une prestation forçant l’admiration le 11 novembre 2005 au Théâtre Morelos.
Trois semaines plus tard, le 4 décembre 2005, vers 17H00 alors que sa gouvernante lui prépare une compote de pommes, elle nous quitte en s’endormant tranquillement.

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