Celui qu’on attendait

Paul Bolzec (Patrick Chesnais), acteur, s’est rendu en Azerbaïdjan pour y donner un spectacle. Mais au retour, traversant en taxi une contrée montagneuse et déserte pour rejoindre l’aéroport, il est abandonné par son chauffeur dont la voiture est tombée en panne. Sans s’en rendre compte, il franchit alors à pied la frontière et arrive dans un village arménien.

Il vit ensuite une sorte de cauchemar : il se retrouve dans un pays où il n’avait nullement l’intention de se rendre, découvre que celui-ci est en guerre avec le pays d’où il vient ; personne ne parle français, il ne comprend pas le moins du monde la langue du pays, son téléphone portable, seul lien avec le monde connu, reste muet faute de réseau ; il passe du statut d’espion à celui d’incarnation d’un mythe (un professeur de littérature française qu’il rencontrera plus tard comme traductrice lors de ses démêlés avec la police lui en donnera l’explication) : on serait déstabilisé à moins.

Mais l’aventure va le faire mûrir, cette pause dans sa vie le faire réfléchir, cette plongée dans un monde pauvre, sans internet – mais qui en rêve ! – lui faire redécouvrir la valeur de certaines relations vraies. Cependant, aucun pathos dans le film, aucune mièvrerie : les bakchichs, la mafia, sont évoqués sans fard. Simplement, à partir d’un « petit fait » rendu vraisemblable, nous est contée une histoire pleine de bienveillance et qui sonne juste, certainement grâce à l’origine arménienne du réalisateur, Serge Avédikian (Le Scandale Paradjanov). La musique reste un symbole, car les chants les plus traditionnels coexistent avec le rap, dont se saoulent certains jeunes.

Même si la fin reste un peu faible, c’est d’une comédie subtile et réaliste qu’il s’agit, sur fond de tragédie juste évoquée (la guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie).

Anne Le Pape – Présent

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