La nouvelle économie mondialisée manage les affects, les looks, les désirs, le langage. Les âmes. Il s’agit, avant les biens, de produire un consommateur programmé pour. Le plus uniforme, interchangeable et conforme possible. Du Cambodge à La Réunion, du 5ème à Bobigny, Macdo-Coca ne veut voir qu’une seule tête. Aplanir donc les aspérités, les différences, de races, de cultures, de sexes. Rabaisser le symbolique culturel et spirituel. Bref, faut que ça circule sans entraves, faut que ça coule, cool…
D’abord viser la tête. Ruiner son ambition culturelle. Un passé trop Chrétien. L’Europe l’a extirpé de son préambule, l’école suit. C’est ennuyeux car nos grandes œuvres s’y réfèrent souvent, comme les églises constellent nos campagnes. Supprimons donc l’étude des grands textes, par ailleurs trop longs, trop fouillés, trop élitistes. La page qui nourrira l’élève ne sera plus poétique, théâtrale ou romanesque. Ce sera l’article de presse. On fera ainsi l’économie du style, on pourra le résumer et déverser à son sujet tout ce qu’on aura ingurgité grâce à nos médias.
Enfin, après s’être soumis à la bienpensance, il faudra ( plus difficile pour des ados!), canaliser ses ébullitions hormonales vers une libido égalitaire et indifférenciée.
Des moutons !
Dès lors pourquoi enrichir, diversifier, singulariser leurs bêlements, à l’accent banlieue plus ou moins prononcé ?
Le pauvre langage de la pub, des sms et du goblish suffit amplement pour entendre ce qu’Adorno appelait « le murmure théologique des marchandises. »
D’ailleurs l’école primaire a fait son travail de (dé)formation avec un apprentissage de la lecture Globale, à l’image du monde qui les attend.
Place à l’horizontalité, au rhizome, à l’obscène; fini la verticalité d’antan, des racines à la canopée…