Avec sa nef à trois vaisseaux, ses six travées et son chœur terminé par une abside à pans coupés, la Collégiale de Saint-Bonnet-le-Château emprunte beaucoup à l’Abbaye de la Chaise-Dieu et présente une architecture locale en gothique forézien. Dans la nef centrale, les peintures entourant les clés de voûte jusqu’au chœur ont été particulièrement bien restaurées selon le décor d’origine.
La construction de l’église à débuté a la toute fin du XIVème siècle, mais la cérémonie officielle de pose de première pierre s’est déroulée le 8 mai 1400, comme en témoigne l’inscription en latin et lettres gothique de la chapelle basse.
La chaire* de bois, avec ses panneaux dorés et ses personnages sculptés représentant Jésus dans le Temple, les quatre Evangélistes, et le Bon Pasteur avec sa brebis, retient l’attention, de même que, dans le chœur, le maître autel en marbre* datant de 1815. Les vitraux d’origine ont malheureusement disparu pendant la Révolution. A la fin du XIXème siècle, autour de 1885, trois artistes lyonnais réalisent de nouveaux vitraux, le verrre provenant de Saint-Just sur Loire et de Saint-Galmier, deux villes de la plaine du Forez.
La confrérie de Saint-Eloi, qui regroupait les serruriers de la ville, a fait construire la deuxième chapelle au sud. Son retable* baroque date de 1672.
Au fond de l’église, côté nord, une grande dalle porte l’inscription suivante : “ Ici repose Pierre Maisonneuve capitaine perpétuel de la Confrérie de saint-Eloi ”, enseveli ici en 1655.
C’est à lui que la tradition prête l’introduction de la serrurerie à Saint-Bonnet-le-Château. Jusqu’au XIXème siècle, ce sera l’activité principale de la ville, supplanté après l’arrivée du chemin de fer en 1873 par les activités d’armurerie.
Pierre Maisonneuve gît dans l’un des vingt-deux caveaux installés sous les dalles pour abriter les restes des prêtres sociétaires et de bienfaiteurs de l’église. Située sous la Collégiale au sud, la Chapelle basse* (ou crypte) renferme l’un des plus beaux ensembles de peintures murales de la Loire.
On ne quittera pas la Collégiale sans admirer, au fond de la nef centrale de droite, une ancienne porte blindée cloutée dotée d’une serrure d’art Louis XV en orbevoie (superposition de deux feuilles de métal ajourées).
La Chapelle basse (ou crypte)
Les murs de la Chapelle basse de la Collégiale sont entièrement recouverts de peintures murales restaurées datant du premier quart du XVème siècle.
Elles constituent l’un des témoignages les mieux conservés de l’activité artistique sous les ducs de Bourbon et illustrent par de nombreux détails la vie quotidienne au XVème.
On admirera l’originalité et l’éclat du concert d’anges avec huit instruments.
Cette chapelle dédiée à la Vierge et à Saint-Michel regroupe douze scènes, toutes extraites du Nouveau Testament. Le côté sud représente la vie, son pendant nord la mort, dualité arbritrée par la scène majeure, les huit anges musiciens de la voûte, merveilleusement conservée. Huit anges musiciens qui semblent danser dans leur drapés mouvementés et deux coeurs d’anges chanteurs qui entonnent à l’est le Gloria et à l’ouest le Gaudeamus.
Le duc de Bourbon, le bon duc Louis II a sans doute commandité ces fresques. L’on retrouve ses armes ainsi que sa devise “Esperance” au centre de la fresque de la voûte et sur les ceintures encadrant chacun des anges musiciens. Les anges musiciens justement, très certainement un clin d’oeil de l’artiste aux prêtres sociétaires qui pour intégrer le Collège de l’époque se devaient absolument d’être musicien ou chanteur, telle était la particularité du Collège de prêtres de Saint-Bonnet le Château. Cette singularité conféra à la ville un rayonnement culturel très important. Le collège sera dissout pendant la Révolution Française.
Les Momies
En 1837, l’ouverture fortuite d’un caveau sous une dalle de la Collégiale met au jour une trentaine de corps parfaitement conservés.
Improprement appelés momies, ils doivent leur excellente conservation non à une technique d’embaumement, mais à la présence d’alun et d’arsenic dans le sol.
Tout un tas d’hypothèses ont été soulevé afin de révéler le mystère des “momies” : pestiférés emmurés pendant la terrible peste noire qui sévit au XIVème siècle, fosse commune, mais la légende urbaine favorite préférait l’histoire du sanguinaire baron des Adrets. La légende racontait donc que ces corps n’étaient autres que des victimes du terrible chef protestant, notables catholiques emmurés vivants pendant les guerres de religions par les troupes de François de Beaumont, arrivées en ville en 1562.
Ce n’est qu’en 1997 que la vérité fut rétablie grâce à des datations carbone 14, attestant que les corps datent du XVIIème siècle, écartant ainsi toutes les hypothèses précédentes ! Le mystère reste donc entier…