Houria Bouteldja ou le racisme pour les nuls!

Quand la porte-parole du parti des Indigènes de la République décerne des permis de discrimination anticommunautaires selon des critères pour le moins communautaristes. Sidérant.

Détourner un avion est spectaculaire et dangereux. Détourner des valeurs est moins spectaculaire, mais tout aussi dangereux. Tel est l’exercice auquel se livre Houria Bouteldja, égérie des Indigènes de la République, dans son dernier ouvrage, les Blancs, les Juifs et nous, petit bréviaire de l’antiracisme détourné en racialisme décomplexé.(…)

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Evoquant cet enfer hexagonal, on administrera une leçon condescendante aux juifs. On se réclamera également de Jean Genet, qui s’est réjoui de la débâcle française en juin 1940. Genet est formidable, car “il s’en fout, de Hitler”. Lui, au moins, va à l’essentiel : la primauté du conflit de race sur le conflit de classe, invariant structurel qui désigne l’ennemi, “le peuple blanc, propriétaire de la France”. Evoquant cet enfer hexagonal, on administrera une leçon condescendante aux juifs. On les accusera de prétendre s’intégrer dans le royaume du “racisme républicain” où le “philosémitisme béat” est “le dernier refuge de l’humanisme blanc”. On niera évidemment toute forme d’antisémitisme (comment pourrait-on penser une chose pareille ?). Mais on rappellera avec des mots choisis que “pour le Sud, la Shoah est – si j’ose dire – moins qu'”un détail””. Sans illusions, on sommera les juifs de se libérer de “l’Etat-nation français et de l’Etat-nation israélie”, ce qui est tout un programme.

Pour mettre les points sur les i, on écrira : “J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’islam.” Dont acte. Pour défendre “nos frères”, on ira jusqu’à tenir des propos d’une ambiguïté raffinée sur les droits des homosexuels et sur le féminisme, causes forcément douteuses puisque défendues par des “démocrates blancs”. Pour les gays, on rappellera une formule vieille comme le monde, mais qui conserve une fraîcheur intacte : “Nos hommes ne sont pas des pédés.” A contrario, on célébrera “la puissance virile de nos hommes” (des vrais, eux).

S’agissant du féminisme, on expliquera qu’il “fait partie des phénomènes européens exportés”, autrement dit des marchandises avariées dont il faut se méfier. Histoire de montrer jusqu’à quelles extrémités peut conduire la logique communautariste, on évoquera le cas d’une femme noire violée par un homme noir à qui l’on demande pourquoi elle n’a pas porté plainte. Réponse de cette dernière : “Je ne pouvais pas supporter de voir un homme noir en prison.” Un Blanc qui viole une Noire, c’est un crime raciste. Un Noir qui viole une Noire, c’est une affaire de famille. (…)

Les Blancs, les Juifs et nous, de Houria Bouteldja, La fabrique, 140 p., 9 €.

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