Sûr que, à quelques lustres près, on ne pourrait dire quand, exactement, l’empire romain est parti en quenouille. Mais on peut relever des signes précurseurs (le vivre-ensemble avec les barbares et la citoyenneté romaine accordée auxdits barbares, des mœurs de plus en plus dissolues, les citoyens romains rétifs à défendre le limes, etc.). Et les avertissements, vox clamantis in deserto, d’auteurs de l’époque (« Rome n’est plus dans Rome »).
Aujourd’hui, dans une-démocratie-comme-la-nôtre, les signes, graves ou plus anecdotiques (encore que…), ne manquent pas qui laissent présager, sinon la fin du monde, au moins la fin d’un monde.
Un exemple. L’Etat qui, incapable – qui s’interdit même – de traquer les vraies ordures, met sur pied une police des déchets. Avec notamment, tenez-vous bien, l’analyse ADN des crottes de chiens pour remonter jusqu’à leurs propriétaires manquant de civisme… Comme dit l’autre, la matière fait cale.
Dans le même temps, histoire de recycler les vieux déchets peut-être, les médias se mobilisent pour exalter le « retour » (« On t’aime Renaud », a titré Le Parisien) d’un vieux débris. On l’a vu, complaisamment interviewé sans le moindre recul, avec son discours ringard de vieux baba cool rescapé du pastaga, sur TF 1, France 2, France 3, M. 6, BFM-TV, LCI, I-Télé, etc.
Pas d’autres héros – et des vrais si possible – à proposer à l’admiration des foules ? Non. Mais un film qui raconte les amours homos de deux jeunes de 17 ans (l’un étant issu d’une minorité visible) sous l’œil plus que complaisant de la mère de l’un d’entre eux (interprétée par une Sandrine Kimberlain, politiquement correcte jusqu’à en être dégueulatoire).
Autre tendance lourde, des animateurs télé qui se mettent à nu. Au sens propre : ils se désapent à des heures de grande écoute, s’exhibant sans retenue aucune. Ainsi, dans son émission « C’est mon choix », Evelyne Thomas (qui devrait pourtant supprimer la soupe du soir…) avait promis de se présenter à loilpé dans sa baignoire…
Le 28 janvier dernier, la chroniqueuse de « Touche pas à mon poste », sur D 8, Erika Moulet (plutôt canon, c’est vrai) s’est dévêtue pour chanter un tube un peu hot, Hundred Miles. Le 14 mars, un autre chroniqueur de la même émission, qui relève du champ d’épandage, le footeux Gilles Verdez (pas canon du tout, lui) a suivi son exemple.
Le 16 mars, sur M 6, à la fin de « Qu’est-ce que je suis vraiment ? », Stéphane Plaza (plutôt gras du bide) s’est lui aussi désapé, encouragé par sa co-animatrice, Karine Le Marchand, qui lui a ôté son caleçon.
Cette « mode » avait été lancée en 2003, dans « La Grosse Emission » me semble-t-il, par Cyril Hanouna, parangon de la vulgarité absolue, qui s’était exhibé entièrement nu.
Et le CSA dans tout ça ? Il explique que « la nudité n’est pas considérée comme étant en soi susceptible de heurter la sensibilité du jeune public ». Si Cyril Hanouna, à poil, n’est pas susceptible de heurter la sensibilité du public quel qu’il soit, je me demande ce qui peut l’être…
J’aurais pu, aussi, vous faire un petit reportage sur les zozos et les nonos de « Nuit debout », hérauts, paraît-il, de « la démocratie du geste ». Ce sera pour une autre fois.
Alain Sanders -Présent