Histoire d’une vente, qui va permettre à Pascal Houzelot (militant LGBT NDLR) et ses actionnaires d’empocher 90 millions. Grâce à la fréquence et l’autorisation d’émettre partout en France dont dispose N23.
Houzelot fait une très bonne affaire en cédant …un bien public. Popy/RéaHouzelot fait une très bonne affaire en cédant …un bien public. Popy/Réa
Pas moins de 90 millions d’euros: c’est la somme rondelette qu’encaisseront Pascal Houzelot et les actionnaires de sa chaîne Numéro 23 qui s’apprête à rejoindre le groupe NextradioTV d’Alain Weill (BFM TV, RMC, RMC Découverte). Les deux parties sont en négociations exclusives. Pascal Houzelot, patron et actionnaire à 70% de Numéro 23, signe là une très, très bonne affaire.
La chaîne affiche un petit 0,7% d’audience. Très déficitaire malgré un accord de régie avantageux avec TF1 Publicité, elle perd encore quelque 10 millions d’euros par an sur 15 millions de chiffre d’affaires.
Mais elle bénéficie du statut de mini-généraliste, comme TMC par exemple. Un atout très précieux et rare, qui permet d’espérer des audiences importantes avec un positionnement original et des programmes adaptés.
Elle dispose surtout d’une fréquence et de l’autorisation d’émettre partout en France. C’est là que le bât blesse. Cette fréquence et cette autorisation ne sont pas vendues mais données par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Ce bien public est la propriété de l’Etat et des Français, comme les fréquences télécoms qui sont, elles, vendues très cher aux opérateurs.
En revendant cette fréquence et cette autorisation, Pascal Houzelot assure sa fortune en… 2 ans. Vincent Bolloré avec la vente de Direct 8 et de Virgin 17 ou Claude Berda avec celle de TMC et NT1 avaient profité de la même mécanique très contestable. «J’aurais pu vendre et aller au soleil, se défend Pascal Houzelot joint par ChallengeSoir. J’ai eu des propositions. En lançant cette chaine, j’ai pris des risques, trouvé de l’argent, je me suis endetté.» Il a agi en entrepreneur, dit-il, et réinvestit dans une entreprise, ce qui ne change rien au fond.
L’attribution de Numéro 23 avait déjà voilà 2 ans attiré la lumière sur son créateur. Peu connu du grand public, Pascal Houzelot travaille depuis longtemps dans le secteur des médias. Cet ancien lobbyiste d’Etienne Mougeotte, lorsqu’il était le numéro 2 de TF1, est le créateur et patron de la chaîne pornographique gay Pink TV. Il a été producteur de films (Le Libertin en 1999, Nouvelle chance en 2005, Le Grand Meaulnes en 2006) et siège au conseil de surveillance du groupe Le Monde.
Ni Pink TV ni le cinéma n’ont été pour Houzelot de vraies réussites financières. Ses films sont restés discrets. En 2007, Pink TV cumule plus de 15 millions d’euros de pertes lorsque TF1 et M6 sortent du capital et effacent discrètement les ardoises. La chaîne, qui ne publie pas ses comptes, serait depuis à l’équilibre.
Numéro 23 est née en décembre 2012, sur la TNT HD comme RMC Découverte ou L’Equipe TV. Pour obtenir du CSA ce canal alors très convoité, Pascal Houzelot avait proposé de mettre en avant la diversité sous toutes ses formes, des origines ou des modes de vie. La thématique est à la mode et le prestige du tour de table impressionne: Bernard Arnault (LVMH) y côtoie Jean-Charles Naouri (Casino) ou Xavier Niel (Free), entre autres.
Houzelot, seul indépendant parmi les 6 attributaires, l’avait emporté malgré une présentation peu convaincante devant les sages et un projet jugé faible. «La qualité évidente des programmes a du frapper les membres du CSA», ironisait alors Denis Olivennes, patron de Lagardère active, candidat éconduit.