A Toulouse, ce non-lieu est loin de faire l’unanimité et dix ans après les graves accusations portées contre Dominique Baudis, la mort de ce dernier pourrait bien réveiller de mauvais souvenirs, ainsi que de nouvelles velléités de mise au jour de la vérité.Je n’ai ni la prétention de rouvrir l’enquête, ni celle de réécrire l’histoire. Cependant, je me souviens de ce sentiment de malaise à la vue des grosses gouttes de sueur perler sur le front de Dominique Baudis, alors qu’il annonçait lui-même sa mise en cause dans l’affaire, le 18 mai 2003 sur le plateau du JT de 20h sur TF1. Alors sans vouloir tirer sur le corbillard, considérons simplement ces quelques faits :
Dominique Baudis a notamment été innocenté grâce à son agenda, qui attestait d’un rendez-vous à la date de l’une de ces soirées viols et tortures. J’ignore encore s’il est d’usage, dans le milieu politique, de conserver ses agendas dix ou quinze ans après un rendez-vous, mais bon, admettons. Admettons également que je sois un notable ivre de mon pouvoir et adepte de ces sordides orgies, d’où les moins nantis ne ressortent pas forcément vivants. C’est bien ce soir-là qu’il me faudrait un alibi, et c’est donc bien ce soir-là qu’il me faudrait consigner soigneusement un rendez-vous fictif, dans un agenda que je prendrais bien soin de conserver toute ma vie, à l’instar de mes bulletins de salaire.
Un agenda peut servir à consigner ses dates importantes, les événements à ne pas manquer et ses rendez-vous. Il peut aussi servir à écrire ce que l’on veut, à la date que l’on veut, pour dissimuler ce que l’on veut.
N’oublions pas non plus que Dominique Baudis n’a pas été le seul notable toulousain lié à l’affaire Alègre. Marc Bourragué, substitut du procureur de Toulouse, a même reconnu avoir rencontré une fois Patrice Alègre. Or d’ordinaire, les notables rencontrent d’autres notables, les marginaux rencontrent d’autres marginaux, etc. Et pourtant, la mise en équation de notables et de marginaux paumés ou délinquants apparaît dans de nombreuses affaires criminelles :
Dans l’affaire des disparues de l’Yonne, Emile Louis, présenté comme un tueur isolé, n’était qu’un élément d’un réseau de trafic de jeunes femmes handicapées, comme le rappelle ce site.
Même schéma dans l’affaire de pédophilie d’Outreau et d’autres, certainement, bien que moins médiatiques.
Donc, même en supposant que Dominique Baudis ait été réellement innocent des faits dont il a été accusé, il n’en demeure pas moins que tout n’a pas été dit sur l’affaire Alègre.
36 Comments
Comments are closed.