Par Alain Sanders
Les guides de Cordoue indiquent, et ce n’est pas faux, que la cathédrale de Cordoue est « une ancienne mosquée ». Moyennant quoi, il y a aujourd’hui une sorte de campagne politico-médiatique pour demander que cette « ancienne mosquée », transformée « en cathédrale » après la Reconquista, soit désormais désignée comme « une mosquée-cathédrale pour tous ». Et sortie du giron de l’Eglise. Tiens donc…
La honte suprême, c’est que cette « demande » indécente a l’appui du gouvernement – de gauche, faut-il le préciser – d’Andalousie. Et des dhimmis du coin. L’Unesco, qui a classé le centre historique de Cordoue au Patrimoine mondial en 1984, en remet une couche. En prétendant – ce qui est historiquement faux et passe notamment à l’as la période romaine – que « la gloire de la ville date du VIIIe siècle, quand elle a été conquise par les Maures et qu’ont été construits 300 mosquées et palais innombrables, rivalisant avec les splendeurs de Constantinople, Damas, Bagdad ».
On ajoutera à ça un professeur de droit espagnol, un certain Manuel Antonio Rodriguez, qui prétend avoir trouvé « une faille » dans les lois de propriété foncière franquistes ayant permis à l’Eglise de régir la mosquée « abusivement ». Et des menaces à la clef : « Si la christianisation de la Mezquita se poursuit, elle risque de perdre son classement au patrimoine. »
On a envie de dire : « Et alors ? » En 2010, sentant enfler la manœuvre de la gauche, de lobbies musulmans et de leurs dhimmis, l’archevêque de Cordoue, Mgr Demetrio Fernandez, avait banni le terme « mosquée » (ce que n’est plus le bâtiment depuis des siècles) au profit de celui de « cathédrale » (ce qu’est effectivement le bâtiment depuis des siècles).
Puisque ces gens-là veulent faire joujou avec l’histoire, allons-y. En rappelant qu’à l’origine il y avait là un temple élevé en l’honneur de Janus. Plus tard, au temps des Goths, une église sera construite sur cet emplacement, l’église Saint-Vincent.
En 785, l’envahisseur Abd er-Rahman I rasera l’église. Pour mettre à sa place une mosquée dont la construction sera complétée à sa mort, en 788, par son fils, Hisham I. Elle sera agrandie sous Abd er-Rahman II, Abd er-Rahman III, Hakem II, Hisham III. Une mosquée gigantesque, ostentatoire, spectaculaire certes, mais bâtie sur l’emplacement d’une église rasée par les musulmans.
En 1236, quand le roi Ferdinand libère Cordoue, la mosquée est placée sous l’invocation de l’Assomption de la Vierge et purifiée. En 1523, le chapitre érigea un maître-autel, un sanctuaire, une capilla mayor, au milieu du quinconce du monument musulman. Ce qui, dit-on, déplut à Charles-Quint qui, trois ans après les travaux, oublieux ou ignorant le fait que la « mosquée » avait été construite à la place d’une église, critiqua les choix architecturaux des chanoines.
Bref, au moment où pèse sur la basilique Sainte-Sophie de Constantinople, ancienne église chrétienne du VIe siècle transformée en mosquée au XVe siècle par Mehmet II, puis en musée en 1934, la menace islamiste d’en faire de nouveau une mosquée, il faudrait que la cathédrale de Cordoue devienne une « mosquée » (et rappelle les heures les plus sombres de l’Espagne aux liens) ? Si les Espagnols ont encore – ce que je crois – des cojones, ça ne se fera pas. No pasaran !
Cordoue, qui a vu naître le poète Lucain, les deux Sénèque, saint Euloge, Juan de Ména, le poète Luis de Gongora (créateur du gongorisme), les peintres Céspédes et Juan Valdès Leal, le général Gonzalve de Cordoue (le fameux Gran Càpitan), est une ville symbole de la résistance chrétienne face à l’invasion musulmane. Elle doit le rester.