« Ligue du LOL, après l’effarement », titrent Les Inrocks. Non, mais ça, alors, s’ils avaient pu se douter. Ce n’est tellement pas leur style. Vraiment, ils n’ont pas de mots, ils tombent de l’armoire (celle qui était bien verrouillée avec tous les squelettes à l’intérieur).
« Ligue du LOL, les (sic) médias amorcent enfin leur introspection », écrit Libération. « SVP, @libe, répond à juste titre Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine, lavez votre linge sale en famille au lieu d’essayer de mouiller les médias. » C’est tellement pratique. Quand tout le monde est coupable, personne n’est coupable.
Mais puisqu’on a commencé la lessive, on peut tant qu’à faire se lancer dans le grand ménage de printemps ? Allez, ouste !
Dans le placard du sexisme, si on parlait de ces femmes qui se font régulièrement dézinguer, railler, couvrir d’insultes ordurières et de gifs pornos quand elle ouvrent leur compte Twitter parce que leur discours n’est pas en tous points conforme au dogme. Christine Boutin, Marine Le Pen ou Marion Maréchal, Nadine Morano, Ludovine de La Rochère et encore Charlotte d’Ornellas. Pour ne parler que d’elles.
On nous explique que la levée de l’anonymat résoudrait tout. S’il est indéniable que des trolls, cybercorbeaux de tous bords – dont l’oiseau bleu choisi par Twitter était comme une prémonition – sévissent sur la Toile et si, en l’espèce, la Ligue du LOL se cachait pour commettre ses forfaits parce qu’elle les savait « mauvais », c’est aussi à découvert, et en toute impunité, que l’on attaque les femmes ci-dessus citées, ou toute autre catégorie de population apparentée aux parias de la pensée. C’est que ceux-là, on ne risque rien à les persécuter.
Sur France Inter, un chroniqueur nommé Daniel Morin accabla Charlotte d’Ornellas de ses fantasmes sexuels grossiers sans que cela n’émeuve personne. C’était de l’humouuuuur, on vous dit. Ah, mais pardon, la Ligue du LOL aussi ! Comme son acronyme l’indique.
Sur cette même radio, c’est une autre femme, cette fois – la méchanceté n’ayant pas de sexe -, Sophia Aram, qui s’acharna sur la présidente de la Manif pour tous, affublée du sobriquet désopilant de Ludovine de La Malbaise. Combien de temps Sophia Aram a-t-elle mis pour trouver ça ? Non, mais ce que c’est drôle ! Un peu comme la Ligue du LOL, vous ne croyez pas ?
Alexandre Hervaud, l’un des journalistes de Libé mis en cause dans la fameuse « Ligue », s’il prenait la peine de se planquer pour cibler certains, savait qu’il était inutile de se gêner pour d’autres, et c’est donc avec un grand sourire content de lui que le garçon facétieux adressa à Marine Le Pen un dessin de pénis, comme on en trouve gravés au compas dans les toilettes des lycées. Sa crise d’adolescence n’était sans doute pas terminée.
C’est aussi sur son propre compte, donc sans se camoufler non plus – puisque avec les catholiques, c’est l’avantage, on peut tout se permettre même quand ils viennent d’être martyrisés -, qu’au moment de l’assassinat du père Hamel, il avait tweeté : « Dans le but d’apaiser les tensions entre communautés, j’espère que les 2 assaillants étaient d’anciens scouts abusés par le prêtre. »Follement spirituel, n’est-ce pas ? Personne, alors, n’a cillé.
Lors de la dernière Marche pour la vie – qu’il appelle « Journée mondiale de la nausée » -, Romain Burrel, directeur de la rédaction de Têtu, n’a pas jugé bon de se dissimuler derrière un pseudo – pourquoi le ferait-il ? – pour retweeter une photo de tout jeunes manifestants bien reconnaissables, presque des enfants (donc vulnérables), avec ce commentaire d’une grande finesse : « Quand je vois leurs têtes, je suis encore plus pour l’IVG libre et gratuit. »
Condamner la Ligue des LOL, c’est bien, mais il ne faudrait pas oublier la ligue des trolls à visage découvert, ces faux bravaches à trouille molle ayant choisi pour bouc émissaire – c’est tellement plus prudent – ceux que le politiquement correct a déjà livrés à la vindicte populaire, qu’il s’agisse de femmes, de vieillards ou d’enfants.
Gabrielle Cluzel – Boulevard Voltaire