Avec les années, le cimetière se peuple de monuments et de sépultures importantes. Dès 1900, la direction fait ériger, face à l’entrée du cimetière, un monument à la gloire de Barry. Ce chien, qui vécut au début du XIXe siècle, appartenait aux moines de l’hospice du grand Saint Bernard. La légende veut qu’après avoir “sauvé la vie à 40 personnes, il fut tué par la 41e !…”
Autre témoin du lien unissant hommes et animaux, le monument dressé à la mémoire des chiens policiers victimes du devoir. Érigé en 1912, quelques années après que les commissariats de banlieue se furent dotés de chiens de police, il abrite Dora (1907-1920), du commissariat d’Asnières ; Top, plusieurs fois médaillé ; Papillon, huit ans de service dans le XVIe arrondissement ; Léo, tué au service…
Des animaux vedettes et des animaux de vedettes ont également trouvé un dernier refuge au Cimetière d’Asnières. Rintintin, le valeureux héros du feuilleton télévisé ; Prince of Wales, dont l’épitaphe explique qu’il “parut 406 fois sur la scène du Théâtre du Gymnase” en 1905 et 1906 ; Kroumir, le chat d’Henri de Rochefort, dont on raconte qu’il est mort de chagrin quatre jours après son maître ; et les animaux de compagnie de Camille Saint-Saëns, de Courteline, de Sacha Guitry, de princes et de ducs…
Mais le cimetière d’Asnières ne serait rien sans la multitude des anonymes, chiens, chats, oiseaux, lapins, hamsters, poissons, chevaux et même singe, dont les sépultures richement sculptées ou simplement fleuries témoignent de l’affection de leurs maîtres.
Ainsi, au hasard d’une promenade, peut-on découvrir la reconnaissance d’une mère à qui le chien Loulou “rendit son enfant qui en 1895 se noyait dans la Garonne. Le brave loulou n’avait que neuf mois et de plus une patte cassée…”. Plus loin, un petit chien de pierre tend la patte à un soldat casqué. C’est Mémère, née en 1914, et qui resta quinze ans durant la mascotte des chasseurs à pied.
Ailleurs, sur des plaques de marbre, entourées de fleurs, un nom, deux dates et une photo. Pour Pupuce, Sultan, Minouchette, Ulysse ou Rubis.
Enfin, anonyme parmi les anonymes, un chien errant vint mourir, le 15 mai 1958, aux portes du Cimetière. La direction lui érigea un monument. C’était le 40 000e animal à être enterré dans la nécropole… Les chats vivants y ont aussi leur domaine, “la maison des chats”, entretenue par une association qui leur apporte assistance.