Ces Pentagon Papers sont tombés bien avant l’heure dans les mains de journalistes grâce à des fuites de fonctionnaires ou de prestataires de service privés du Pentagone, indignés de la manière dont a été conduite la Guerre du Vietnam, et des mensonges systématiques prononcés publiquement et sciemment par des hommes politiques de premier plan, dont les présidents Kennedy, Johnson, Nixon, et les ministres de la défense de ces époques. Le film raconte l’histoire de ces Pentagon Papers, et surtout de leur diffusion par deux grands journaux en 1971, le New York Times, puis le Washington Post. Le sujet pose de la question de la liberté de la presse, et ce dans le contexte délicat de la sécurité nationale. Le New York Times a ainsi cédé aux intimidations politiques et judiciaires du gouvernement du président Nixon, tandis que le Washington Post a pris le relai et s’est obstiné. Il a obtenu au final, au nom de la liberté d’expression, gain de cause auprès de la Cour suprême, l’instance judiciaire qui statue en dernier ressort aux Etats-Unis.
Ce film du réalisateur vedette Steven Spielberg a été plutôt bien accueilli aux Etats-Unis, du fait de son propos absolument consensuel. Il prend le parti de la vérité contre le mensonge, et de la liberté de la presse contre toutes les manipulations gouvernementales douteuses. En outre, le réalisateur a eu la sagesse commerciale de s’en tenir strictement au propos historique, alors qu’il y aurait beaucoup à dire sur des guerres plus récentes. La seule petite audace a consisté à mettre Kennedy, Démocrate donc « gentil » par définition pour Hollywood, dans le même sac que Nixon, Républicain, bête noire du cinéma militant américain des années 1970 à nos jours. Du reste la démarche d’honnêteté historique n’est pas complète, puisque Nixon a en fait essayé de sortir dignement, sans abandonner le Sud-Vietnam, d’un conflit volontairement enlisé et lancé par ses prédécesseurs démocrates.
Pentagon Papers, le rappel d’une époque
Ce aspect lisse et à sens unique du film, opposant journalistes courageux et hommes politiques malhonnêtes et au fond honteux du travail d’obstruction qu’ils mènent, en constitue la grande limite. Les acteurs principaux, dont Meryl Streep et Tom Hancks, se contentent de jouer les héros…La traduction française proposée dans le sous-titrage comprend en sus des fautes supprimant les rares nuances du propos.
Ce drame historique n’est pourtant pas dénué de tout intérêt, avec le rappel des faits en 1971 et aussi du contexte du début des années 1960, quand des directeurs de journaux ou de grands journalistes, amis personnels du président Kennedy, écrivaient quasiment sous sa dictée leurs articles…