Nous sommes abreuvés de sondages et de commentaires émis par des commentateurs très experts sur des plateaux de télévision ou sur des radios, avec une diversité d’opinion garantie… mais il y a un hic. Tout le monde sait, aujourd’hui, que Macron a autorisé Drahi à racheter SFR dès son arrivée au ministère de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. Et que ledit Drahi renvoie, aujourd’hui, l’ascenseur en soutenant Macron sans vergogne. Que Drahi possède BFM TV, RMC, L’Express et quelques autres outils de propagande audiovisuelle.
Nous comprenons tous que les milliardaires qui possèdent les médias, quels qu’ils soient, profitent de la mondialisation, n’ont rien à faire ni des Français ni de la France, et qu’ils sont donc sensibles aux sirènes macroniques, bien plus qu’aux projets de ses concurrents.
Ceux qui ont lu Philippe de Villiers se souviennent des sondages réalisés en même temps, par le même sondeur, pour Pasqua d’un côté et pour de Villiers de l’autre ; et Pasqua et de Villiers se retrouvant face à face, brandissant chacun son sondage, chacun donné vainqueur, par le même institut de sondage. Le client est roi. Miroir, mon beau miroir….
Sondage, mon beau sondage, dis-moi que je suis le plus populaire.
Vendredi 10 février, LCI demandait à ses spectateurs de dire quel programme présidentiel leur semblait le meilleur, parmi ceux des trois candidats annoncés en tête. Résultat sans appel : Fillon à plus de 49 %, Macron à 30 % et Le Pen à 20 %. À l’heure où j’écris, les résultats sont encore consultables.
Les résultats étaient un peu différents vendredi soir, mais l’ordre était le même, et les écarts déjà considérables.
Inexplicablement (inexplicablement seulement si l’on fait abstraction des préférences personnelles des journalistes et des « experts » invités), lors des émissions de la soirée sur LCI, il était fait état de sondages donnant Fillon troisième dans les intentions de vote – à 18 %, mais pas de celui-ci.
Deux jours avant, une animatrice dont j’ai oublié le nom s’émerveillait que la « bulle » Macron ne se dégonfle pas. En en parlant, elle avait la main sur le robinet du gaz qui gonflait la bulle, et ne s’en apercevait même pas, ou ne voulait pas s’en apercevoir.
Non seulement les sondages montrent ce qu’ils ont envie de montrer, mais en plus, les médias ne mettent en avant que ceux qui leur font plaisir, que ceux qui les servent. Nous sommes doublement manipulés, avec deux niveaux de tricherie possible.
Yann Sergent – Boulevard Voltaire