Le 9 février 2015, la branche Médias de l’État islamique (EI), Al-Hayat, a publié une vidéo de 12 minutes montrant le prisonnier britannique, le journaliste John Cantlie, en reportage à Alep. Cantlie aborde différentes facettes de la vie sous le régime de l’EI, notamment les écoles religieuses et tribunaux islamiques qu’il a instaurés. Cantlie prend le parti de l’EI face aux accusations des Occidentaux, selon lesquelles l’éducation souffrirait sous l EI et les lois de la charia seraient très rigoureuses.
Cantlie évoque également le bombardement à Alep, accusant les États-Unis de collaborer avec le régime syrien en prenant pour cibles des musulmans innocents. Il interviewe ensuite un combattant français de l’EI résidant à Alep, qui exhorte les musulmans français à mener des attaques de type « loup solitaire » contre la France. Le combattant exprime sa satisfaction face aux attentats terroristes de janvier en France.
Cantlie a été vu pour la dernière fois dans une vidéo du 3 janvier 2015, en reportage à Mossoul. [1] Cela semble être le dernier volet de sa série de reportages effectués en différents lieux.
Déambulant au milieu des ruines à Alep, Cantlie signale les dommages considérables que la ville a subis ces deux dernières années. Il affirme que des frappes américaines se sont récemment ajoutées aux frappes aériennes du régime syrien.
Cantlie précise que son film a pour objet de déterminer si le bombardement d’Alep et les combats incessants ont réussi à ralentir l’avancée de l’EI ou non. À cet égard, Cantlie s’émerveille de la progression de l’EI sur de grands pans de territoire, qu’il qualifie de « remarquable et à couper le souffle ».
Visitant une mosquée dans la ville d’Al-Bab, au nord-est d’Alep, où des enfants récitent le Coran et reçoivent des cours d’arabe, Cantlie réfute les allégations occidentales selon lesquelles l’éducation serait négligée sous la domination de l’EI. Il accuse l’Occident de ne pas reconnaître l’accent mis par l’EI sur les études religieuses, ou encore ses modifications apportées aux anciens programmes scolaires. Cantlie note également qu’« avec un peu de chance », les enfants qui l’entourent « formeront les moudjahidines de la prochaine génération dans cette région ».
Cantlie montre aussi les drones survolant Al-Bab, et affirme que « la vie continue », malgré tout. Il affirme que « les moudjahidines ne se soucient nullement du nombre d’yeux qui les observent dans le ciel ». Debout au milieu d’un marché qui vient juste d’être frappé par un avion syrien, Cantlie explique que l’endroit était une zone « entièrement civile ». Il fait observer que l’attaque était liée aux drones qui survolaient la région peu de temps auparavant. Le régime syrien n’ayant pas de drones, il accuse les États-Unis de collaborer avec le régime en prenant pour cibles des innocents.
Dans une autre partie de la vidéo, Cantlie accuse les Occidentaux d’être ceux « qui agissent agressivement » contre l’EI, tout en affirmant que la population d’Alep ne souhaite que vivre en paix. Cantlie observe que cela est « plus facilement réalisable à présent que l’État islamique en a pris le contrôle ».
Gagnant un site à l’extérieur d’Alep, où un groupe de combattants de l’EI sont filmés assis près d’une source d’eau, Cantlie rappelle que les moudjahidines « ne sont nullement décontenancés par les bombardements », et qu’ils continuent d’organiser des cours sur les rives de l’Euphrate, de pêcher, ou tout simplement de siroter une « tasse de thé relaxante » de retour à Alep.
Cantlie évoque la vie sous l’empire de la charia, dans les zones sous contrôle de l’EI, et visite un tribunal de la charia dans l’une de ces zones. Assis dans la salle d’attente, Cantlie défend la charia en expliquant que, contrairement à la législation des pays démocratiques, qui « change pour s’adapter à chaque circonstance [ou] pour évoluer d’une semaine à l’autre », la charia, elle, date de 1400 ans ; elle est la loi d’Allah et ne peut donc être modifiée. Les lois de la charia, ajoute Cantlie, sont également « remarquablement simples ».
Il cite pour exemple l’injonction de couper la main de l’auteur d’un vol qui, si elle est dure, entend dissuader le voleur et d’autres musulmans de commettre un tel crime. Cantlie désigne la télévision dans la salle d’attente, où des vidéos de propagande de l’EI sont diffusées, notant qu’elles sont « beaucoup plus divertissantes que les informations de 18 heures ».
Cantlie se rend aussi dans un quartier de la ville d’Akhtarin, au nord d’Alep, déclarant que « c’est là que l’État islamique commence et [c’est de là qu’] il s’étend jusqu’à Mossoul en Irak ». Là, Cantlie rencontre un combattant de l’EI qui commente les frappes aériennes américaines contre les moudjahidines. Ce combattant affirme que « l’alliance des croisés et de l’Occident infidèle » n’a pas encore compris la nature de l’islam ou de ceux qui se battent pour le défendre [les moudjahidines]. Et il ajoute que l’assassinat de dirigeants du djihad ne mettra pas fin au djihad.
Debout près de l’un des stands médiatiques de l’EI, où sont distribués ses publications et son matériel de propagande, Cantlie explique leur fonction dans la lutte contre ce qu’il appelle les « informations déformées » par les médias occidentaux concernant l’EI.
Cantlie mentionne les attentats de janvier à Paris, qui ont été largement relayés en Occident, et interviewe ensuite un combattant français de l’EI résidant à Alep. S’exprimant en français, le combattant anonyme exprime sa jubilation suite aux attentats en France, affirmant que l’EI a entendu parler d’autres attaques perpétrées par d’autres « frères ».
L’homme appelle à plusieurs reprises les musulmans français à perpétrer des attaques individuelles contre la France, notant qu’elles doivent être effectuées en particulier si les musulmans ne peuvent faire la hijra pour rejoindre l’EI.
Extraits du message du combattant français de l’EI : « Ces trois attaques n’ont fait que nous réjouir ici. A chaque fois qu’on entendra parler qu’un frère ou plusieurs défendront leur religion en Occident, on ne sera que réjouis. On a appris il y a quelques jours ces attaques qui nous ont fait grand plaisir. Et on attend que d’autres frères suivent le même exemple et les attaquent. Avant ces attaques-là, il y a eu Mohamed Merah, qu’Allah l’accepte en martyr, il a fait quelque chose d’extraordinaire. J’encourage tous mes frères qui sont en France, tous mes frères qui sont en Occident, à défendre leur religion. A l’heure actuelle, Allah ne vous a pas permis d’émigrer dans notre pays, ce n’est pas un problème, défendez votre religion sur place. Tuez-les, avec des couteaux, crachez-leur au minimum à la figure […], dites-vous bien que notre religion a besoin de vous plus que vous ne le pensez. Vous êtes assis dans des fauteuils alors qu’aujourd’hui, partout dans le monde,les musulmans se font massacrer. Quelle va être votre excuse devant Allah ? Quelle sera votre excuse devant cet orphelin qui a perdu sa famille, alors que vous n’avez pas bougé pour venir le défendre ? Je vous encourage donc soit à venir, soit à défendre votre religion sur place. A tous nos frères en France, nous disons, partez en opération seuls, soyez un loup solitaire, à vous seuls vous pouvez être une armée. Et je dis à tous ces pays occidentaux qui ont décidé de nous attaquer, nous-mêmes, on arrive pour vous attaquer. Et on est déjà là pour vous attaquer. Les musulmans en Occident, vous êtes des millions, vous pouvez faire des carnages. Donc, à vous de vous bouger et de faire les choses nécessaires pour défendre votre religion ».