Le Rafale était en course contre l’avion suédois Gripen pour l’attribution d’un marché par le Conseil fédéral suisse. Objectif ? Moderniser la flotte d’avions de chasse suisse. L’avion français est reconnu pour ses qualités technologiques. Il est notamment considéré comme furtif car ses émissions infrarouges et sa « signature radar » ont été réduites au maximum. Omnirôle, il est opérationnel pour l’Armée de l’Air mais également sur porte-avion. Le radar RBE2 / AESA, à balayage électronique, qui l’équipe est considéré comme un modèle de technologie. Enfin, ce chasseur est capable de voler à mach 1,8, soit 2 203 km/h. Le problème ? Le coût de production. L’avion français a un prix unitaire d’environ 152 millions d’euros contre 50 millions pour son concurrent suédois. C’est donc ce dernier qui a remporté le marché. L’affaire semblait pliée jusqu’à ce que le journal suisse Le Matin publie un document, datant de novembre 2009, émanant des Forces aériennes suisses, qui dénonce les piètres performances de l’avion suédois et place le Rafale en meilleur position. Voici la note en question :
« Contre toute attente, c’est justement pour cette mission de police du ciel que le score du Gripen est le plus mauvais. Il n’a atteint que 5,33 points sur 10, soit bien au-dessous de la limite minimale de 6,0 décidée au début du processus d’évaluation. L’Eurofighter atteint 6,48 et le Rafale 6,98. La note du Gripen s’explique notamment par un temps de réaction pour le décollage d’urgence trop lent («Quick Reaction Alert»: score 4,7), des performances de vol insuffisantes (5,5) et une endurance largement insuffisante (3,8). Pour tous ces domaines, la note minimale de 6,0 avait été fixée en fonction des capacités des F/A-18 helvétiques opérés actuellement. En clair : le nouvel avion dont la Suisse compte s’équiper à partir de 2016 pour 3,1 milliards de francs, et qui doit rester en service jusqu’en 2035 au moins, sera moins performant que le F/A-18, entré en service en 1997 et régulièrement mis à jour. (…) Pour les missions de défense contre avion (DCA) ainsi que celles d’attaque au sol, les capacités du Gripen choisi par le Conseil fédéral ont là encore été jugées insuffisantes, avec des scores de 5,68 et 5,62. «La probabilité que le Gripen se révèle incapable de mener à bien des missions de DCA est significative, indiquent les évaluateurs des Forces aériennes suisses. Et l’efficacité globale du Gripen MS21 reste insuffisante pour remporter la supériorité aérienne lors des menaces futures, au-delà de 2015. »
Pour un marché de plusieurs milliards d’euros, les entreprises aéronautiques ne renoncent pas si facilement. Ainsi, suite à la publication de cette note, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a confié mardi matin, au salon aéronautique de Singapour que Dassault Aviation avait déposé un recours gracieux en Suisse contestant la décision du Conseil fédéral suisse de choisir l’avion de combat suédois au détriment du Rafale.
Si l’avion de Dassault a perdu plusieurs marchés, il semble que l’entreprise française demeure confiante quant à son exportation. Ainsi, une première commande de 36 Rafales par le Brésil pourrait être prochainement annoncée. Dassault-aviation est également en négociation avec l’Inde pour la fourniture de 126 de ces chasseurs-bombardiers.