Il y a tout juste un mois et comme pour répondre aux vœux d’un petit monde incarné, par exemple, par Yann Arthus-Bertrand ou Cédric Villani, obnubilés par le bien-être animal – sauf quand il s’agit de protester contre l’abattage rituel halal ou casher –, une jeune pousse israélienne produisait en laboratoire le premier « steak » ayant une apparence et une texture semblables à celles de la viande naturelle. Bref, un « ersatz » similaire au celluloïd mis au point pendant la guerre de Sécession quand le blocus imposé aux sudistes empêchait l’importation de l’ivoire avec lequel étaient confectionnées les boules de billard. Côté alimentaire, la chicorée, la margarine et tant d’autres substances produites pendant la guerre devraient rappeler à certains les heures les plus sombres de notre histoire.
Manipulations en tous genres
Les apprentis sorciers qui ont mis au point cette viande in vitro à partir de cellules souches extraites d’un animal vivant se donnent deux ans pour commercialiser leur invention. Ils comptent sur les chefs étoilés des grands restaurants pour donner à ce bœuf de synthèse ses lettres de noblesse et surfent sur l’état d’esprit ambiant favorable à la disparition de l’élevage. Si cette création « diabolique » est loin de faire l’unanimité, notamment auprès des scientifiques de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), elle est cependant intégrée dans une directive européenne depuis janvier 2018 et il y a fort à parier que le steak hiérosolymitain détrônera bientôt les pavés de Salers, avec la bénédiction de la commission de Bruxelles.
Davos veille au grain
Rien d’étonnant, donc, si les mondialistes du Forum économique de Davos n’ont eu rien de plus pressé, en ce début d’année, que d’adouber la récente création israélienne qui fait partie, selon eux, des solutions de remplacement aux produits carnés. Au même titre d’ailleurs que les insectes ! Dans un rapport aussi alarmiste qu’alarmant, ils plaident pour une diminution drastique de la consommation de viande pour réduire de façon spectaculaire le volume des gaz à effet de serre ainsi que le nombre de cancers dans le monde. Ils oublient simplement qu’un régime strictement végétarien est susceptible d’entraîner des carences alimentaires, que l’élevage est indispensable à la préservation de la biodiversité, que le bilan carbone des millions de vaches sacrées en Inde est aussi élevé que celui des charolaises et qu’une planète sans animaux serait un véritable cauchemar. Ils omettent de parler de la nocivité des produits transformés ou des plats cuisinés à partir de viandes de mauvaise qualité.
Complices conscients ou inconscients des spécistes qui veulent la mort de l’élevage, ils demandent que les Etats aident les agriculteurs à l’abandonner au profit de la culture de végétaux riches en protéines. Bref, un monde digne de l’association californienne PETA qui vient de gagner son combat contre le foie gras, la Cour suprême ayant donné raison à ce groupe de pression à l’origine d’une loi interdisant la vente de ce mets de choix dans cet Etat américain. Et vive la prohibition !
Psittacisme à la française
Dans une tribune parue dans le journal Le Monde au même moment que le rapport de Davos, plus de 500 perroquets mâles et femelles appartenant à la société du spectacle, de Boris Cyrulnik à Juliette Binoche en passant par Stéphane Bern, Isabelle Autissier ou Miss France 2012, intiment aux Français « de diminuer collectivement leur consommation de chair animale ». Ils s’engagent, chaque lundi, à supprimer la viande et le poisson de leurs repas. En clair, à jeûner comme on le fait régulièrement depuis la plus haute Antiquité. Ils utilisent les mêmes arguments éculés que l’ONU, l’OMS ou Davos pour culpabiliser leurs compatriotes. Ils s’associent même au président du GIEC qui affirme qu’« une journée sans viande peut aider à lutter contre le changement climatique ». Ils apportent également de l’eau au moulin de ceux qui organisent des commandos sanglants contre les abattoirs et les boucheries « bien de chez nous ». Bien sûr, ils se gardent bien de condamner l’abattage rituel, ne voulant pas s’attirer les foudres des rabbins et des imams réunis. Ils condamnent à mort surtout notre tradition bouchère et un pan énorme de notre patrimoine culinaire.
La tradition du jeûne
Tout ce beau monde semble avoir découvert la lune en proposant un lundi maigre. Ils ne font que reprendre à leur compte une tradition bien ancrée jusqu’à Vatican II et qui faisait du jeûne un impératif hebdomadaire du vendredi, jour de la crucifixion du Christ. Sans oublier le jeûne de l’avent et du carême de Pâques, qui permet à chacun de faire pénitence et d’avoir une hygiène de vie saine. Autant de pratiques que les Loges ont souvent moquées au point que le frère syndicaliste Marc Blondel, patron de FO, se faisait une joie, chaque Vendredi saint, d’organiser un « banquet des mécréants » au cours duquel il ingurgitait force cochonnailles. Le choix du lundi comme jour d’abstinence n’est pas innocent, les signataires de la tribune du Monde voulant prouver qu’il ne s’agit pas d’une prescription religieuse et ne voulant surtout pas contrarier les obsédés de la laïcité qui seraient bien avisés de prendre en compte les progrès de l’islam dans notre pays.
Un musée du soufisme à Chatou
Au moment où les chantres du « vivre ensemble » remuent ciel et terre quand un maire supprime les repas sans porc dans une cantine, l’ouverture d’un musée du soufisme dans une des plus belles demeures de la très bourgeoise ville de Chatou passe pratiquement inaperçue. Pire, certains tombent dans le piège de ce courant de l’islam, présenté comme une tendance spirituelle mystique ennemie de Daesh et donc susceptible de favoriser le « dialogue interreligieux en faisant comprendre l’histoire de ce courant de l’islam ». Il n’est pas jusqu’au père Matthieu Dupont, supérieur du premier cycle du séminaire de Versailles qui ne se réjouisse d’une telle installation. Histoire de faire passer la pilule de l’intégrisme musulman, un projet de mosquée libérale à Paris qui accueillerait dans la même salle de prière les femmes et les hommes est à l’étude. La mosquée Fatima – son futur nom – se paierait même le luxe, comme c’est le cas en Allemagne, d’une femme imam. L’impétrante, née d’un père algérien et d’une mère française, se situe dans la tradition soufie. Pour l’instant, sa candidature aurait été rejetée.
Pendant ce temps-là, le marché de la viande halal est en grande forme, surtout depuis que le professeur David Khayat a récemment déclaré sur France 2 que les viandes des animaux sacrifiés selon les rites musulmans et juifs pourraient diminuer les risques de cancer.