« Cette manifestation est un écran de fumée » Bruno Gollnisch

— Quelle analyse faites-vous de cette « union nationale » ?

— Brice Hortefeux ou François Bayrou ont souligné l’absurdité d’une union nationale qui exclut le quart des Français et un mouvement politique qui a eu l’immense mérite – sous les injures, les persécutions judiciaires ou professionnelles, les agressions physiques – d’attirer l’attention sur ce qui allait se passer. Dans les années 1970, j’ai entendu dans un meeting Jean-Marie Le Pen expliquer en quoi les évolutions démographiques et le réveil de l’islam allaient provoquer un jour en France une situation explosive…

— N’assiste-t-on pas, depuis mercredi dernier, à un réveil des Français ?

— Il y a une émotion légitime, qui s’accompagne d’un réveil de l’opinion française, mais on voit des moyens extraordinairement puissants se mettre en place pour que ce réveil soit assimilé aux « non-valeurs » de Charlie Hebdo.

— Alors, vous n’êtes pas Charlie ?

— Non ! Je ne suis pas Charlie. Je condamne sans réserve les attentats atroces qui ont été perpétrés, pour autant j’ai le droit de considérer que l’équipe de Charlie Hebdo a fait de la liberté d’expression un usage détestable. D’une part parce qu’ils ont pratiqué systématiquement la dérision agressive, d’autre part parce qu’ils défendaient la liberté d’expression de ceux qui pensaient comme eux. Charb, Val, Cabu étaient allés solennellement au ministère de l’Intérieur porter une pétition demandant l’interdiction du Front national. Etait-ce leur rôle ?

— La manifestation de dimanche a-t-elle été une pure et simple opération de récupération ?

— Ce qui me gêne dans cette manifestation, c’est ce que j’appellerais le compassionnisme totalitaire. Si vous n’avez pas votre pancarte « Je suis Charlie », vous êtes un salaud. Or ce compassionisme est l’alibi des carences criminelles… des organisateurs eux-mêmes ! On ne demande pas aux politiques de se précipiter sur les lieux de l’attentat, ni de passer la serpillière pour éponger le sang dans les couloirs de Charlie Hebdo : leur devoir est de prendre les mesures qui diminuent les risques. Quelles mesures ont été prises en ce qui concerne le code de la nationalité, les moyens de police et de renseignement, l’expulsion des délinquants étrangers ? Quelles mesures ont été prises pour stopper l’islamisme radical dans les prisons, où l’attentat contre Charlie Hebdo a été fêté pendant des heures au cri d’Allah Ouakbar ? Toute la classe politique est complice, à commencer par Nicolas Sarkozy qui promettait le Karcher mais n’a pas voulu infliger la double peine. Cette manifestation est un écran de fumée. L’un de ses objectifs, selon moi, est de préparer une union sacrée de nature à contrer la montée du Front national.

Lu dans Présent

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