Une info qui n’en n’est pas une…
Comment vous sentez-vous ? Pareil ? C’est normal, car contrairement à ce que tous les marchands de rêve et de boniments qui peuplent les colonnes de la grande presse et des écrans de télévisions vous racontent depuis des mois, cette décision ne change strictement rien. Voyons rapidement pourquoi.
1) Parce que l’agence de notation chinoise Dagong avait déjà dégradé la note de la France il y a plusieurs mois en la passant de AA+ à AA-. Puis, de AA- à A+ au mois de décembre dernier.
2) Parce que de toute manière, pas un seul pays de la zone Euro ne mérite la note AAA. Qu’est ce que le AAA ? Une note qui assure à l’investisseur que l’emprunteur est en béton, qu’il sera remboursé, qu’il n’y a aucun risque. Or, il n’y a pas, aujourd’hui, un seul pays qui puisse affirmer qu’il n’y a aucun risque à souscrire à un de ses emprunts. Tous les pays de la zone euro sont aujourd’hui susceptibles de ne pas pouvoir faire face à leurs échéances. Tous. Même l’Allemagne qui présente une situation un petit peu plus rassurante que les autres, de par sa dépendance aux marchés des autres pays européens qui entrent en récession, représente un risque potentiel.
3) Parce que, contrairement à ce que crient certains politiciens toujours prêts à mettre leur nationalisme là où il ne faut pas et à le laisser au vestiaire quand il faudrait en faire une ligne de conduite, cette note n’a aucune influence sur les taux d’emprunts ou sur le coût des CDS. Il y déjà belle lurette que la France n’emprunte plus aux taux d’un AAA ! Les agences de notation n’ont qu’un rôle consultatif, pas décisionnel. Les marchés savent bien que la France est en grande difficulté, que sa dette extérieure (regardez le tableau en temps réel des dettes publiques et des dettes extérieures des principaux pays du monde sur MVMA à la page “dettes”) est, à terme, ingérable (ce qui est d’ailleurs la motivation de Dagong pour l’abaissement de la note de la France en décembre dernier) et les taux affichés en tiennent compte.
4) Parce qu’aujourd’hui, le marché des dettes souveraines est biaisé et que l’immense majorité des emprunts émis est couverte par les banques centrales avec de la monnaie de singe, euh, pardon, de la monnaie qu’elles créent, en compensation, justement, des titres de dettes souveraines dont on sait qu’une partie plus ou moins importante ne sera pas honorée. Du moins la BCE fait, elle, le forcing (sur la Grèce par exemple) pour que la décote de 50% (56% aux dernières négociations de cette semaine) de la dette grecque ne la concerne pas, mais seulement les banques privées (histoire de ne pas faire jouer les CDS, voir un article précédent, histoire de ne pas se retrouver en faillite, son exposition étant supérieure à ses fonds propres et à la valeur – réelle – des titres à son actif). C’est là que se trouve le noeud de la crise qui couve. Pas dans la note de la France.
Vous voyez, il n’y a aucune raison de donner à cette information qui n’en est pas une plus d’importance qu’elle ne mérite. Laissez les petits politicards de service se jeter des anathèmes à la figure et profitez du week end pour claquer les derniers euros qu’il vous reste, tant qu’ils valent encore un petit quelque chose, dans les soldes. Sereins et prévoyants, tout ce que vous achetez aujourd’hui aura une valeur marchande demain, la monnaie que vous stockez (même sur votre livret A puisque nos dirigeants poussent le cynisme jusqu’à y maintenir une rémunération négative) ne peut que se déprécier.
> Ce décryptage est produit par MaVieMonArgent.info pour Nouvelles de France.
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