Après plus de 80 ans passés sous silence, l’ouvrage de Chesterton The Well and the Shallows a enfin été traduit dans la langue de Molière. Sous l’initiative et les annotations du docteur en philosophie Wojciech Golonka, cette traduction est paru le 22 septembre aux éditions Desclée de Brouwer. Un petit trésor de sarcasmes inimitables et de paradoxes délicieux, comme l’était lui-même l’auteur, ce livre est composé d’un recueil d’articles et d’essais datant des années 30. Le titre est choisi avec soin : Les puits et les bas fonds. Le puits n’est autre que l’Église, et les bas fonds, les fruits de la Réforme anglicane.
Il se divise en trois parties : l’Apologie des bouffons, qui est, ainsi que la présente le docteur Golonka « une polémique sur les allitérations et bouffonneries littéraires », suivie de Mes six conversions, qui justifie la conversion de l’auteur au catholicisme, et une dernière partie plus variée sur des sujets d’actualité divers.
Quelques extraits à savourer…
Difficile, à vrai dire, de vous vanter l’un des pans de ce triptyque plus qu’un autre. En considérant donc l’ouvrage dans son ensemble, nous vous en avons tiré un top 5 de ses meilleurs extraits ! Novices de Chesterton prenez garde, vous allez tomber sous le charme…
« Au cœur de la chrétienté, à la tête de l’Église, et au centre de la civilisation dite catholique, là et en aucun mouvement ni aucun avenir, se trouve cette cristallisation du sens commun et les véritables traditions et réformes rationnelles, que l’homme moderne cherche à tort dans toutes les tendances des temps modernes. »
« Je ne pourrais abandonner la foi sans tomber dans quelque chose de plus creux que la foi. Je ne pourrais cesser d’être catholique, sauf à devenir quelque chose de plus étroit qu’un catholique. (…) Nous avons quitté les bas-fonds et les lieux desséchés pour l’unique puits profond. La vérité est au fond ».
« La plénitude de richesse, et de variétés, l’avantage entier appartient à présent à la cause ancienne. Les pensées qui se bousculent dans une sorte de brouhaha, dans une œuvre comme Le Soulier de Satin, sont comme une foule d’hommes vivants bousculant les obstacles d’une forteresse abandonnée. C’est Claudel ou le même type d’homme qui assaille à présent la Bastille… »
« Les hommes du Moyen-Age enduraient d’effroyables jeûnes, mais aucun d’eux n’auraient rêvé de proposer sérieusement que personne nulle part n’eût plus jamais de vin. Et la Prohibition qui fut acceptée par une immense civilisation moderne et industrielle, a bien proposé sérieusement que personne n’ait plus jamais de vin. Les dingues qui n’aiment pas le tabac voudraient détruire complètement tout tabac. »
« Je méprise le contrôle des naissances d’abord parce que c’est un mot faible et flageolant et couard. C’est aussi un mot entièrement dépourvu de signification, employé pour cultiver les faveurs même de ceux qui reculeraient devant son sens véritable. Les procédés recommandés par ces médecins charlatans ne contrôlent aucune naissance. Ils garantissent seulement qu’il n’y ai jamais aucune naissance à contrôler. (…) Ce sont eux qui chérissent les chaînes de leur vieil esclavage, et c’est l’enfant qui est prêt pour le monde nouveau. »
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Le puits et les bas-fonds, par G. K. Chesterton, traduction, présentation et notes par Patrick Gofman (assisté d’Angélique Provost) et Wojciech Golonka, Editions Desclée de Brouwer, 368 p., 22 euros.