Les secrets des poupées Petitcollin!

A Étain, dans la Meuse, l’usine de poupées Petitcollin a des allures de survivante. Haut de gamme et originalité lui permettent d’être la dernière fabrique de poupées en France et de résister au raz-de-marée de jouets made in China. Les poupées traditionnelles des années 50 et 60 sont toujours fabriquées selon les méthodes de l’époque. Aujourd’hui, ce sont 30 000 poupées qui sortent de l’atelier meusien ; machines et moules ancestraux toujours en action. Assise devant une petite table en bois, Linda habille le baigneur série limité des Poilus, destiné au musée. « Je joue à la poupée », lance-t-elle tout sourire, rayonnante dans une usine pourtant sombre et vieillotte. « J’adore mon métier. » Elle fait partie des cinq salariés à plein-temps qui tournent sur tous les postes. On est loin de la ruche des années 60 et ses mille ouvrières.

Assemblage, pose des cheveux, des yeux, décors au pistolet, habillage. Création et fabrication des vêtements sont soignées. Chaque année, 20 000 poupées habillées, 50 000 pièces assemblées, des collections tenues secrètes avec stylistes extérieurs et deux couturières à domicile. « Mais ça ne suffit pas », admet Yvan Lacroix, directeur du site. « D’où notre sous-traitance en Tunisie pour les pièces les plus simples. Certains modèles sont aussi compliqués à assembler que de la lingerie fine. »

Sur les tableaux, les prénoms restent affichés, comme Jean-Michel, Francette, Sylvie ou Marie-Françoise, la poupée star des années 50 rendue populaire par Modes & Travaux. « Aujourd’hui, celui qui choisit Petitcollin achète une histoire, une image et une qualité. » La maison se fait fort de toujours fabriquer les modèles qui ont forgé sa réputation. « On est dans le jouet traditionnel, un patrimoine riche, une marque ancienne qui fédère différentes générations. On est prisé des collectionneurs. Certaines poupées montent jusqu’à 1 000 €. »

Quinze modèles différents sont déclinés dans des tailles, couleurs, coupes de cheveux différentes : traditionnel, corps souple, poupée mannequin ou d’autres aux longs cheveux à coiffer. Ce qui ne signifie pas que l’entreprise ne cherche pas l’innovation. « On travaille de nouvelles couleurs de peau pour l’an prochain. » Les poupées à corps souples, très à la mode, appréciées des tout-petits, sont fabriquées en Espagne. Le directeur, qui dirige également Vilac et JeuJura, le justifie par le coût de la main-d’œuvre et pour « faire face à la concurrence ».

La nouveauté ce sont les poupées signées de la designer autrichienne Sylvia Natterer. Elles boostent le chiffre d’affaires et font croître la part à l’export, ouvrant les marchés allemands et autrichiens au-delà des 50 pays déjà distribués. « Dès qu’on a présenté la collection en janvier dernier, on a su que ce serait un succès. » Avec 50 % de son chiffre d’affaires réalisé sur les trois derniers mois de l’année, Petitcollin n’a pas les moyens de se tromper sur ses choix. « Les poupées Sylvia Natterer sont fabriquées en flux tendu. On n’arrive pas à suivre la demande. » A la venue d’Yvan Lacroix en 1990, l’usine vivait sa petite mort. « On a mis vingt ans à monter en gamme. J’ai toujours pensé qu’un jour ou l’autre, le made in France reviendrait, même si 80 % des jouets vendus en France sont fabriqués en Chine. »

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