Emmanuel Macron aurait été surpris au sortir du Fucking Blue Boys entouré d’une compagnie de drag queens que l’affaire aurait fait moins de bruit. Ainsi, donc, l’ancien ministre a pris un petit déjeuner la semaine dernière avec une dizaine de prêtres catholiques. Et l’« affaire » – quelle affaire ! – fait tout de suite grand bruit. D’autant que, parmi ces prêtres, on compte deux abbés du diocèse de Versailles qui, en plus, avaient manifesté en 2013 contre le mariage homosexuel. La double peine, en quelque sorte : Versailles et la Manif pour tous ! Cela dit, il semblerait que, jusqu’à ce jour, on ait tout de même plus compté de prêtres dans ce genre de cortège que dans ceux de la Gay Pride. On notera, au passage, que les médias concentrent leurs projecteurs sur ces deux prêtres ; les autres, on ne sait pas, ils doivent compter pour de rien.
Bon, que Macron veuille tisser ses réseaux, comme on dit, quoi de plus normal. Les mauvaises langues diront qu’il nous a d’abord joué Mon Macron chez les riches pour lever les fonds nécessaires à sa possible campagne de France. Rappelons, aussi, qu’il s’était un peu essayé, alors qu’il était encore ministre en mai dernier – et de façon plutôt maladroite, il faut bien reconnaître -, dans Mon Macron chez les pauvres : « Le meilleur moyen de se payer un costard, c’est de travailler… » Pourquoi ne s’afficherait-il pas maintenant dans Mon Macron chez les curés ? Histoire de pasticher et mettre au goût du jour les romans d’avant-guerre qui firent le succès de Clément Vautel, depuis tombé dans l’oubli le plus complet.
Que révèle la révélation de cette « affaire » ?
D’abord, qu’il y a des prêtres qui sont encore capables de participer au débat public, même dans une relative discrétion, comme cela a été le cas avec Macron, et qu’il n’y a aucune raison qu’ils ne le fassent pas.
On a oublié, dans ce pays, qu’un chanoine Kir, ancien résistant, fut député-maire de Dijon pendant plus de vingt ans après la Seconde Guerre mondiale. Qu’un abbé Pierre, aussi résistant, fut député de 1945 à 1951. Depuis, les prêtres sont rentrés dans les sacristies et les fidèles ont quitté les églises. Mais ça, c’est une autre histoire…
Ensuite, qu’au-delà de l’évidente volonté d’Emmanuel Macron de ratisser large — cet homme n’a peut-être jamais été candidat mais il est tout sauf candide —, on ne peut que reconnaître son ouverture au dialogue. Très différent, en ce sens, de son créateur, François Hollande, qui ne connaît que deux espèces animales sur cette Terre : les socialistes et les journalistes, pourvu que ces derniers soient de gauche !
Maintenant, ne nous emballons pas, tel Philippe de Villiers, toujours prêt à enfourcher son destrier. Bien propre sur lui dans son costume de premier communiant et ayant, sans doute, reçu une certaine éducation catholique, Emmanuel Macron n’en hantait pas moins l’Élysée lorsque Hollande lança Taubira dans sa grande campagne sociétale qui allait changer notre civilisation. Vous l’avez peut-être remarqué : Emmanuel Macron ne dit jamais de choses qui fâchent. L’eau tiède ne fait pas une eau bénite.