Une conspiration contre le silence!

« Dans dix ans, le silence aura disparu de la surface de la terre. » Il ne s’agit pas de silence absolu, mais d’absence de pollution sonore d’origine humaine. L’archéologue des sons Mylène Pardoen — elle a reconstitué l’ambiance sonore de Paris au XVIIIe siècle — relaie ce constat du bioacousticien étasunien, Gordon Hempton. Et l’envahissement de notre environnement par le bruit entraîne une perte de l’audition avec l’âge. Contrairement à ce que l’on peut souvent lire, cette perte n’est nullement naturelle puisque des travaux ont montré que des populations soumises uniquement à des sons naturels conservent une ouïe intacte, sinon meilleure (cf. Le Paysage sonore de Murray Schaffer). Les sons artificiels et la musique enregistrée sont devenus emblématiques de notre civilisation, au point de nous faire perdre tout sens des réalités. La législation européenne limite la puissance sonore à 105 dB dans les discothèques alors que la limite est de 85 dB au travail et que les dommages sont irréversibles au-delà de 90 dB. Le développement des isolations phoniques indique une préoccupation des nuisances sonores, mais ce ne sont que des mesures passives ; on peut fermer les yeux, mais pas les oreilles. Comme l’avait remarqué Bernanos, cette perte du silence est aussi « une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure ».

Cinq-Mars, un opéra méconnu de Gounod créé en 1877 a été édité en CD. Cette œuvre de maturité ne méritait pas l’oubli. On y entend le célèbre nocturne Nuit resplendissante, on y découvre le chœur formidable Sauvons le Roi enregistrés avec Mathias Vidal, Véronique Gens, les chœurs de la Radio bavaroise et le Münchner Runbdfunkorchester (2 CD, Ediciones Singulares ED 1024, 2016).

L’Escadron volant de la Reine est un ensemble instrumental de musique baroque créé en 2012. Il vient d’enregistrer Notturno, des œuvres d’Alessandro Scarlatti composées pour la semaine sainte. Une interprétation saisissante qui mérite d’être signalée (Évidence, EVCD 021, 2016).

Patrick Burgan a composé une épopée lyrique en 5 tableaux sur la bataille de Muret (1213). Elles suivent cinq laisses de la Chanson de la croisade des Albigeois commencée par un prêtre contemporain des événements. Les instruments anciens, les percussions et le récit superposé en occitan et français, rendent un effet grandiose et impressionnant. La création avait eu lieu en 2013 dans l’église Saint-Jacques de Muret (Hortus, 127, 2015, 15 €).

Alan Stivell, un des plus éminents représentants de la culture musicale celtique, est intervenu à propos de l’affaire du burkini pour rappeler sur son compte Facebook l’incompatibilité de la culture celtique avec les mœurs islamo-orientales : « chez les Celtes, la femme est l’égale de l’homme depuis l’antiquité et avant. Donc au moins 3 000 ans. Et moins les femmes celtes sont celtes, moins elles sont égales ».

Thierry Bouzard – Présent

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