« Marignan-1515 » ces mots sonnent comme un coup de canon pour tant de générations… Au début du XXème siècle, des intellectuels se lamentaient que cette bataille se résume à une simple date clamée comme une formule par les élèves. Que ne donnerions-nous aujourd’hui pour que nos écoliers la clament…
Cinq-cents ans, jour pour jour après cette victoire française – la bataille eut lieu les 13 et 14 septembre-, on peut effectivement se demander ce qu’il reste de Marignan. Date apprise par cœur, reconstitutions historiques, expositions… Est-ce tout ce qu’il faut retenir de la désormais mythique bataille?
Marignan n’est pas seulement une commune du nord de l’Italie; ni la victoire d’un jeune roi conquérant en mal de célébrité.
Marignan, c’est avant tout l’esprit chevaleresque: la charge héroïque de François Ier avec ses 200 cavaliers contre 7000 Suisses; la consécration de Bayard, le « chevalier sans peur et sans reproches » qui, au soir de la bataille, aurait adoubé le monarque, lui conférant la dignité – toute symbolique – de chevalier, titre cher au souverain soucieux d’égaler ses illustres aïeux.
Marignan, c’est l’excellence française à son zénith. La France, alors prospère, attire à elle des étrangers qualifiés, dont des Italiens – pourtant en guerre contre la France depuis deux décennies – tels que Pedro Navarro, ingénieur génois, véritable stratège, qui préconisera l’utilisation de l’artillerie; ainsi que Léonard de Vinci qui, après la victoire de François Ier le suivra en France où sera organisée trois ans plus tard la première reconstitution festive de la bataille. D’autres intellectuels, scientifiques ou artistes éliront par la suite domicile en France, enrichissant notre pays de leur savoir pour en faire l’un des promoteurs de la Renaissance.
Marignan, c’est aussi une histoire de génie, de volonté et de bonne étoile. Le génie des Français qui franchissent les Alpes avec leurs canons, donnant l’occasion à Janequin de comparer son roi à Hannibal. La volonté farouche d’un roi de briller, et celle des soldats de faire la gloire de leur souverain. La bonne fortune qui sourit aux Français par la venue inespérée de renforts vénitiens accourant aux cris de « San Marco! ».
Marignan, c’est la dernière bataille chevaleresque. Milanais, Suisses et Français se battant avec fougue et ardeur.
Les peuples d’Europe sont aujourd’hui amis; l’on nous parle de paix, de fraternité. L’amitié de nos peuples doit-elle pour autant nous faire dévêtir de nos habits de chevalier? Ligotés sous la même épée de Damoclès, nous tous, Français, Suisses, Italiens et autres, ne saurions oublier Marignan. Nos victoires et nos défaites firent de nous ce que nous sommes et doivent à présent nous guider non plus pour nous entre-tuer mais pour défendre nos destins désormais liés.