Le plus beau lac de Provence a d’abord fait couler beaucoup de larmes! L’idée d’un barrage sur le Verdon remonte au début du XXe siècle et s’affirme dans les années 30, quand la société Schneider commence à entrevoir le potentiel d’un tel ouvrage. Immédiatement combattue par les villages voisins qui craignent pour leurs terres et leurs patrimoines, cette idée ne parvient pourtant pas à se concrétiser. Mais dans les années soixante, c’est Electricité de France qui reprend ce projet à son compte, et là, les moyens ne sont plus les mêmes, l’état s’implique totalement, et les avancées se font soudain plus rapides. Dès 1969, un canal de dérivation est mis en œuvre sur le Verdon et les travaux vont prendre un tour décisif.
L’opposition au projet est pourtant toujours très forte, mais que peuvent ces villageois du fond de la campagne provençale contre une entreprise d’état, portée par les intérêts d’une grande partie de la région. Les trois villages directement menacés par la naissance du lac de Sainte-Croix, Les Salles, Bauduen et Sainte-Croix luttent ensembles jusqu’à ce qu’une révision de la hauteur d’eau finale, en abaissant la profondeur du lac, n’isole Les Salles sur Verdon qui se retrouve le seul véritablement menacé. En 1970, EDF procède aux premiers achats de terrains.
Les Salles sur Verdon, malgré les cris et les pleurs de ses habitants, est détruit, et en partie reconstruit plus haut dans les collines, sur le plateau de Bocouenne. Les villageois se sentent pourtant spoliés : leurs terres, riches des truffes qui apportent des revenus complémentaires à ces agriculteurs, ont été sous-évaluées. L’indemnisation pour la destruction de leurs maisons, avec un abattement pour vétusté forcément considérable dans ces vieux villages, ne permet pas à de nombreux habitants de racheter des maisons neuves dans le village reconstruit… L’actuel village des Salles sur Verdon, aux maisons encore récentes, propose à l’Office du Tourisme une exposition qui retrace ces heures sombres de l’ancien village.
Le lac de Sainte-Croix commence donc à se remplir. Dès novembre 1973 le niveau des eaux monte pour arriver à sa côte finale courant1974. Une nouvelle vie commence alors pour la vallée du Verdon qui n’est pas seulement devenue une réserve d’eau pour l’irrigation ou les grandes cités du Var, mais aussi un pôle d’attraction majeur du tourisme varois. Le paysage créé par le lac, les dimensions imposantes de l’étendue d’eau, le caractère typique des villages sauvegardés, la proximité des gorges du Verdon composent en effet un territoire qui séduit les touristes a