Tout le monde ne le sait pas, mais l’école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, non loin de Rennes, comporte un petit musée, accessible aux touristes. Ce musée présente régulièrement des expositions temporaires Et cet été, il est possible de découvrir les dessins du capitaine Fournier, un officier de la Grande Guerre.
Ce sont ses deux petites-filles, Annick et Chantal, qui ont découvert, presque par hasard, l’œuvre littéraire et picturale de Pierre Fournier. A l’automne 2017, les deux sœurs, en furetant dans les affaires de famille, mettent la main sur une malle, qui n’avait sans doute pas été ouverte au moins depuis la mort de leur grand-père, en 1949. Cette malle était pleine de lettres, certaines illustrées de dessins, d’aquarelles. Des œuvres réalisées le plus souvent « à chaud » sur le front. Un total de 150 pièces, inédites, donc, et même jamais vues, si ce n’est, sans doute, entre 1914 et 1918, au fil des courriers reçus, par les proches de Pierre Fournier.
Fournier et son épouse habitaient Saint-Malo. Nommé capitaine au sein du 136e régiment d’infanterie, ce jeune officier, qui ne manquait pas de talents, va raconter, dessiner et peindre ce qu’il voit, la vie de tous les jours, mais aussi les événements dramatiques.
Lui-même est sérieusement blessé en septembre 1914 : une balle boche lui transperce les joues, préservant miraculeusement la boîte crânienne. De retour sur le front en février 1915, il est enseveli dans sa tranchée par l’explosion d’un obus le 30 mars, et sera déterré de justesse.
A Arras, Pierre Fournier se lie d’amitié avec le peintre breton Mathurin Méheut (1882-1958), qui a intégré également le 136e régiment d’infanterie, et qui deviendra l’un des plus célèbres peintres de la marine.
On pratiquait le dessin comme on jouait du piano
Les petites-filles de Pierre Fournier ont souhaité montrer aussi aux visiteurs la boîte de peinture de leur grand-père. Cela donne une magnifique petite exposition, « une deuxième vie pour mon grand-père, qui ne parlait jamais de cette guerre », expliquait la semaine dernière l’une des petites-filles à un journaliste de la presse locale.
Dans beaucoup de familles, entre 1850 et 1950, on pratiquait le dessin comme on jouait du piano, et il ne fait pas de doute que de tels trésors figurent dans bien d’autres collections privées, chez des particuliers. Mais le plus souvent ces témoignages ont été dispersés après la mort de leur auteur, voire détruits, brûlés, perdus. Or aujourd’hui de tels dessins, au-delà de leur intérêt artistique, ont une réelle valeur documentaire. Ce sont de précieux éléments d’un patrimoine à préserver.
Francis Bergeron – Présent