Par Charles Chaleyat
Philistin! ne fut jamais qualificatif agréable quand on vivait dans la France classique ou que l’on entendait Brassens chanter le poème de Jean Richepin (Philistins, épiciers..). On se sentait alors relégué au rang des ignares sans goût ni finesse. Précédemment, l’Ancien Testament leur avait taillé un costume d’ennemis héréditaires, les Pelistim, dont le héros était Goliath, heureusement vaincu par le juif David, frondeur adroit (le BHL de l’époque en moins décolleté). Bien évidemment, archéologues et historiens se sont interrogés sur l’identité de ces Philistins en faisant aussi appel aux linguistes spécialisés dans l’histoire des langues de la région, particuièrement riche d’histoires et d’empires pendant des millénaires.
Ce nom, donné par leurs ennemis locaux, a été rapproché de l’égyptien ‘pelesti’ désignant les envahisseurs qui, avec d’autres peuples attaquèrent la Basse Egypte. Ces peuples collectivement appelés ‘Peuples de la mer’ venaient du Nord, probablement de la mer Egée. Ils étaient peut-être parents des Pélages, ceux qui précédèrent en Grèce, les envahisseurs Achéens. Commerçants et navigateurs, ils s’installèrent le long et au Nord de la bande Gaza actuelle.
L’archéologie, encore une fois, fournit, non pas le nom de ce peuple (celui qu’il se donnait ou celui que les autres lui donnaient), mais de nouvelles connaissances sur eux et permit effectivement de les apparenter – selon ses critères et méthodes – aux Peuples de la Mer. C’est la découverte d’un cimetière à Ashkelon qui a permis enfin de préciser l’anthropologie et la culture de ce peuple disparu il y a 2600 ans, qui mangeait du porc et du chien et n’était composé ni des géants ni des affreux décrits dans la Bible.
Ashkelon fut détruite en 604 av. J.-C. par Nabuchodonosor et les survivants furent déportés à Babylone. Ils n’ont donc aucune parenté avec les Palestiniens.