Nous avions déjà dans nos bibliothèques Nouvelles de l’invisible, d’Hélène Maurras, la nièce et fille adoptive de Charles, auteur de poèmes et d’un témoignage sur les années de prison du fondateur de l’Action française. C’est par un titre un peu apparenté qu’Yves-Marie Adeline, lui aussi poète par ailleurs, romancier, philosophe, a intitulé son tout récent recueil : Nouvelles de l’étrange.
Sur les traces de son maître Barbey d’Aurevilly et de ses Diaboliques, il y côtoie le fantastique, évoquant le don de prescience qui peut frapper certaines personnes par éclairs (Intuitions), la perméabilité des diverses « couches » espace-temps (Une soirée chez la baronne de Ménard), les souvenirs de son service militaire – car c’est ainsi qu’on l’appelait encore – en Guyane (Le projet Theseus), dans un savant mélange, étourdissant pour le lecteur qui s’y perd à loisir, entre « autobiographie » et fiction. On y rencontre aussi quelques hippies des années 70, dans leur fraîcheur… toute relative et très éphémère (Maoa).
Le genre des nouvelles a connu, au XIXe siècle, une grande vogue. Il mérite d’être redécouvert, car il s’adapte à merveille à notre rythme de vie morcelé. Rien n’est plus facile que de profiter de ces textes courts, ramassés, tendus vers une fin qui reste souvent plus ou moins mystérieuse, lors d’un voyage ou avant de plonger dans le sommeil. On prétend souvent que les Anglais apprécient plus que nous ce genre littéraire, montrons-leur que nous aussi avons nos auteurs en ce domaine et savons les lire avec plaisir.
- Yves-Marie Adeline, Nouvelles de l’étrange, éd. Amazon, 156 pages, 6,69 euros.