“Le dieu Foot fait son travail : il évite de penser, de réagir”!

Bon, je sais que j’ai tort, que l’immense majorité des citoyens ne pensent pas comme moi. Mais voir durant 90 minutes 24 hommes courir derrière un ballon et dont chaque coup de pied vaut des dizaines de milliers d’euros ne m’a jamais passionné. Il y a tellement d’autres centres d’intérêt plus enrichissants, tellement d’autres émissions plus palpitantes.

Certes le suspense d’un match existe, le stade devient thriller. Mais s’extasier devant 24 bonhommes surentraînés qui travaillent leurs muscles et leur technique 24 heures sur 24 c’est considérer le ballon comme un dieu, une idole. Est-ce raisonnable de se prendre pour Zidane dans le confort de son salon, de hurler et de gesticuler à chaque but ou chaque faute. Quand vous êtes dans le froid d’un stade bourré jusqu’au plus haut gradin à participer au grondement des broncas et autres signes d’allégeance, n’est-ce pas par idolâtrie ?

Le foot c’est un peu les jeux du cirque de la Rome antique. Avec un but sous-jacent : celui de nous abrutir, de nous faire oublier le temps présent pour ne vivre plus que ces 90 minutes pendant lesquelles des multimillionnaires vont essayer de placer une balle dans le but adverse !

Et pendant ce temps, en France tout au moins, la vie quotidienne se poursuit au milieu des détritus entassés par des éboueurs qui n’en peuvent plus d’ébouer, sur des quais de gare où des nuées de passagers attendent un hypothétique train pour rentrer chez eux ou aller au boulot, dans des aéroports en grève. Et en plein état d’urgence, l’État devenu incapable laisse des centaines de supporters s’affronter parmi lesquels on trouve étrangement nombre de racailles venues des banlieues. Et que dire de ces foules bariolées, aux visages peints de leurs couleurs nationales attendant le but sur les stades ou devant les écrans géants des « fan zones ».

Et pendant ce temps, la France, Euro ou pas, voit des commerçants se lamenter devant leurs magasins éventrés et pillés parce qu’il a été ordonné aux policiers de ne pas faire leur boulot. Que dire de ces clandestins illégaux accueillis à bras ouvert par nos gouvernants qui ne se soucient guère des conséquences. Bref, en République socialiste, on en est presque à envier le sort des autres, mais le dieu foot fait son travail : il évite de penser, de réagir.

Les jambes musclées de nos joueurs « multiculturisés » sont là pour nous faire oublier nos petits tracas quotidiens qui sont si peu par rapport aux scores d’une équipe française dont les couleurs variées doivent donner au monde entier une drôle d’idée de ce à quoi nous, Français, ressemblons. Mais passons… Sarkozy lui-même n’a-t-il pas déclaré qu’il fallait métisser notre pays ?

Je vois déjà les commentaires qui vont accueillir mon « coup de gueule »… Disons simplement que je préfère penser à hier et réfléchir à demain en espérant que la France remportera, non pas l’Euro, mais son combat contre le chômage, la précarité et qu’elle retrouvera les valeurs qui l’ont fait ce qu’elle est : le plus beau pays du monde.

Floris de Bonneville -Boulevard Voltaire

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