Dépenses de communication pharaoniques, sièges sociaux dans les beaux quartiers, frais de déplacement à gogo, les formations politiques françaises claquent l’argent public sans compter : de toutes façons, c’est le contribuable qui régale.
Quartiers chics et lofts tendance pour les sièges des partis
La mixité sociale ? Pour les autres ! Toujours prompt à vanter les mérites d’une coexistence entre Robert, Mouloud et Mamadou, le PS se garde bien de respecter cette morale civique. C’est dans un splendide hôtel de la rue de Solferino (VIIe arrondissement), dans les quartiers chics de Paris, que trônent les socialistes.
En 2008, Ségolène Royal s’était prononcée pour la vente de ce bâtiment racheté à la Mutuelle retraite de la fonction publique pour 2,59 millions d’euros – un prix d’ami – dans les années quatre-vingt et aujourd’hui estimé à près de 40 millions. Mais la gauche caviar a finalement préféré rester dans ce quartier où le prix du m2 peut dépasser les 15 000 euros.
De son côté, l’UMP a choisi la rue de Vaugirard, dans le XVe arrondissement, où, depuis 2011, elle détient 5 000 m2 répartis sur cinq niveaux. Acheté 19 millions d’euros, cet ancien garage a été réhabilité à prix d’or (21 millions d’euros) par un cabinet d’architecte qui lui a donné l’allure d’un gigantesque loft. L’opération immobilière a été en partie financée par un emprunt de 32 millions d’euros courant sur dix ans.
Malgré leur amour de la chlorophylle, les Verts d’EELV ont installé leur siège dans un quartier qui fleure bon le bitume : le Xe arrondissement de Paris où le prix au m2 tourne autour de 7 500 euros. Ils y détiennent une ancienne chocolaterie acquise en 2003 pour 1,5 million. A en croire l’émission « Cash Investigation », les écolos auraient bénéficié d’un apport illégal de 75 000 euros pour acheter cet immeuble, via un détournement de fonds publics obtenu en surfacturant la formation professionnelle de leurs élus.
L’argent afflue mais les dettes s’accumulent
Bien logés, les principaux partis politiques sont également bien nourris grâce à l’argent des contribuables. En 2014, le PS est la formation encaissant la plus grosse enveloppe : 25,5 millions d’euros de subventions, contre 18 millions pour l’UMP et 5 millions pour le FN. Les partis sont aussi abreuvés par les cotisations des élus, de leurs adhérents et, dans une moindre mesure, par les dons, plafonnés à 7 500 euros par an, par personne physique. La générosité des adhérents ne doit pas être sous-évaluée. En 2013, le « Sarkothon » a permis de recueillir 11 millions d’euros suite à l’annulation des comptes de campagne de Sarkozy.
La plupart des partis roulent carrosse. Championne toute catégorie, l’UMP a notamment été contrainte de renégocier, durant l’été 2012, un prêt de 55 millions à échéance de 2017. Les créanciers ont exigé le nantissement du siège de la rue de Vaugirard. L’UMP enregistre 39,6 millions de pertes en 2012 pour 108,4 millions de dettes. En 2012, après la bérézina des législatives, le MoDem a été contraint de licencier 20 de ses 26 salariés et de louer une partie de son siège du VIIe arrondissement pour conserver l’appui des banques auprès desquelles il renégociait ses prêts. Côté PS, les comptes du parti étaient déficitaires de 4,56 millions en 2011 et, fin 2012, ils affichaient 6,8 millions de pertes, 43,5 millions de dettes…
Ils dépensent plus qu’ils ne touchent
Comment les partis font-ils pour dépenser plus qu’ils ne touchent ? La Commission nationale des comptes de campagne donne la clé de l’énigme en publiant leurs comptes certifiés au JO avec deux ans de décalage. En 2012, les Verts, par exemple, ont dépensé près de 370 000 euros en « propagande et communication », environ 750 000 euros de charges externes liées aux « frais de voyages et déplacement », sans oublier 2,7 millions pour ses permanents, dont une vingtaine au siège.
Au PS, on relève notamment des charges de personnel de 21,3 millions pour 2012. Certains membres du cabinet du Premier secrétaire gagneraient près de 6 000 euros par mois. En 2012, selon Le Parisien, les 250 employés du PS ont reçu une « prime de victoire » de l’ordre de 800 euros. A ces dépenses généreuses de personnel viennent notamment s’ajouter des frais de « propagande et de communication » (5,5 millions) ou encore de déplacement (plus de 3 millions).
Du côté de l’UMP, les dépenses de com’ creusent un gouffre sans fond. Elles sont passées d’un peu moins de 6,4 millions (2002) à 33 millions d’euros en 2012, année présidentielle, il est vrai. Avec un budget de 11,8 millions d’euros, les charges de personnel constituent une autre source conséquente de dépenses, bien que les postes équivalents temps plein soient passés de 145 à moins de 100, après le revers de 2012. Pour la petite histoire, on se souviendra que Copé avait décidé d’offrir un 13e mois aux permanents de son parti, un an avant la défaite.
Parmi les dépenses phares de l’UMP, on note aussi des frais de déplacement qui ont grimpé de 1,8 million (2002) à 9,7 millions d’euros en 2012, soit le triple de ceux du parti de Cambadélis ! L’UMP a commencé à serrer les boulons en 2013, année où, selon Copé, le parti aurait remboursé des dizaines de millions de dettes. De quoi ramener le montant cumulé de celles-ci à… environ 72 millions d’euros. On respire toute de suite mieux !
Extrait des Enquêtes du contribuable « L’argent des partis politiques ». 68 pages, 3.5 euros