Le musée du Matou à l’affiche! (Vidéo)

Quesaco le Matou ? C’est un petit musée toulousain installé dans un bâtiment du XVIIIe siècle à l’emplacement d’une ancienne chapelle dans le quartier populaire de Saint-Cyprien. Consacré à l’art de l’affiche – c’est le seul musée de ce type en France – le Matou possède une collection riche de plus de 200 000 documents.

Les affiches, témoins de leur temps

Née quelques années avant la naissance de l’imprimerie, l’affiche sommeille paisiblement pendant des siècles jusqu’à l’apparition, au XIXe siècle, de la lithographie en couleurs. En plein Second Empire, l’affiche connaît alors une véritable explosion avec la création des cabarets parisiens comme, par exemple, le Moulin Rouge ou l’Elysée Montmartre. Mais aussi l’apparition de la réclame – on ne parlait pas encore de publicité – qui envahit alors les murs des villes. Toulouse-Lautrec se prête au jeu et crée 32 affiches dont 14 sont précieusement conservées dans le musée. A la même époque – nous sommes dans les années 1890 – la rabastinoise Jane Atché gagne ses galons d’affichiste en réalisant un petit chef-d’œuvre à la gloire du papier à cigarettes Job, dans l’esprit du grand Mucha. Le musée possède plus de 20 000 de ces merveilles soigneusement archivées. Tout comme d’ailleurs un fonds original d’images publicitaires, telles que buvards, étiquettes de vins, boîtes d’allumettes ou emballages de savons. Une telle collection permanente ne saurait cependant se passer d’expositions temporaires destinées à faire rêver Bitru en ces temps de vaches maigres culturelles et de troubles sociaux sur le point d’éclater.

Voyager avec Broders

A moins de deux mois des sacro-saintes vacances qui verront malheureusement le burkini s’imposer sur toutes nos plages, rien ne vaut donc un détour par ce musée pour admirer une trentaine d’affiches de Roger Broders, illustrateur parisien qui fut l’affichiste fétiche de la Compagnie des Chemins de Fer Paris-Lyon Méditerranée. Entre 1925 et 1935, elle lui en commanda plus d’une centaine qui sont autant de destinations de villégiatures dans les Alpes, sur la Côte d’Azur, en Corse, mais aussi en Tunisie ou en Algérie. Sans oublier Rome, Constantinople ou Bagdad. Il ne manque plus qu’Agatha Christie à l’appel… mais aussi Paul Morand ou Colette qui auraient toute leur place dans cette exposition. Ces affiches ont un charme suranné qui rappelle une France malheureusement disparue. Roger Broders nous invite au voyage, à la découverte de sites remarquables et de monuments enracinés ou à la pratique d’activités sportives. Empreintes d’un style Art déco, ces œuvres sont le reflet d’une époque et d’un art de vivre. « On y retrouve des traces de cubisme, de futurisme ou de constructivisme avec sa géométrisation des formes et des silhouettes, ses audaces chromatiques », explique la directrice du musée. Les femmes longilignes de Broders arborent de belles robes de plage, des maillots de bain seyants ou de belles tenues de montagne.

Années folles

De Chamonix à Monte-Carlo en passant par Lyon, Avignon, Marseille, Menton, Juan-Les-Pins, ou encore Calvi, l’artiste a immortalisé ces lieux touristiques qui évoquent la joie des séjours à la montagne ou en bord de mer et préfigurent les congés payés de 36 et l’engouement pour les auberges de jeunesse chères à Saint-Loup. Le tout rehaussé par un jeu subtil entre l’ombre et la lumière. Une lumière particulièrement éclatante dans ses affiches « sudistes » qui sont un véritable culte rendu au soleil. Le visiteur est immédiatement embarqué dans l’aventure par un Roger Broders qui multiplie les incitations au voyage et à la rêverie. Lignes simples, couleurs vives, découpage en plans bien distincts, rien n’est laissé au hasard pour retenir l’attention du visiteur. « On passe, on voit, on enregistre » disait-il à propos de l’affiche touristique.

L’ensemble de l’exposition est accompagné d’une scénographie toute particulière avec des malles, des luges en osier, de vieilles raquettes et des cabines de plage qui recréent l’atmosphère d’une époque révolue. On plonge, l’espace d’un instant, dans ces Années Folles que Broders connaissait si bien. Lui qui réalisa avec sa femme, dès la fin des années 20, des peintures sur soie et crêpes de soie pour la maison Lanvin grâce à un procédé d’encre indélébile mis au point par son frère chimiste. Un conseil pour une visite idéale : n’oubliez pas d’emporter La Madone des Sleepings dont le fantôme, à la nuit tombée, circule entre les affiches. Si j’en crois, du moins, les confidences du gardien…

  • Broders, Le voyage. Jusqu’au 29 août 2017, Le Matou 58 allée Charles de Fitte 31000 Toulouse.

Affiche en Une
Les affiches touristiques de Broders nous parlent d’une France « d’avant ».
Swim Ink 2, LLC-CORBIS-Corbis via Getty Images

Francoise Monestier – Présent

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