Les bruits vont déjà bon train dans la média-sphère avant-gardiste. Le pape dépoussiérerait enfin l’Eglise. Concrètement qu’a-t-il dit ? Quatre choses que les médias ont passé sous silence :
1- Il s’agit de donner plus de place aux femmes dans les responsabilités dans les cas où ces fonctions n’auraient pas de lien avec le sacrement de l’ordre.
2- Les femmes ont une richesse spécifique à apporter, mais le Saint-Père a tenu à faire la distinction entre la prédication tenue lors d’une liturgie de la Parole, qui peut être assurée sans difficulté par une femme ou un laïc, de la liturgie eucharistique, où l’homélie est intrinsèquement liée à la présidence de la célébration, propre au sacerdoce.
3- Le Souverain Pontife a souhaité mettre en garde contre deux tentations : celle du féminisme -parce que la femme vit dans l’Eglise avec sa haute dignité de baptisée- et celle, tant de fois stigmatisée du cléricalisme, qui se vérifie quand les prêtres prétendent gérer seuls leurs paroisses, sans stimuler la synodalité et la collaboration.
4 – Et enfin cette précision de taille. L’idée n’est pas d’abord de savoir s’il faut ouvrir le diaconat, mais, répondant à la question des diaconesses dans l’antiquité, le Saint-Père a ainsi rappelé que l’antique rôle des diaconesses n’avait jamais été vraiment clarifié, et s’est dit ouvert à la création d’une commission d’étude de cette question.
Il s’agit donc d’une étude pour clarifier ce rôle dans l’antiquité, si nous nous en rapportons aux propos de l’Osservatore Romano.
Le Pape François prêt à créer une commission d’étude sur le diaconat féminin
(RV) Une commission pour étudier la question d’un diaconat féminin: telle est l’annonce faite par le Pape François ce jeudi. Le Saint-Père recevait les responsables de l’UISG, l’Union internationale des supérieures générales actuellement réunies à Rome en assemblée plénière. Il les a aussi invitées à éviter les écueils d’un « féminisme » et d’une « servitude » mal compris, qui se substitueraient à un service véritable.
Comme il en l’a l’habitude, le Pape a échangé avec son auditoire sous forme d’un questions-réponses. Un échange direct sur des points très précis qui concernent l’engagement des religieuses consacrées dans le monde et la vie de l’Eglise.
Le Pape est tout d’abord revenu sur le regard féminin sur l’Eglise, se disant d’accord pour une plus grande représentation des femmes dans des postes de responsabilité, dans les cas où ces fonctions n’auraient pas de lien avec le sacrement de l’ordre. Le regard d’une femme peut être un enrichissement quand une décision doit être élaborée a-t-il dit.
Compte tenu de leur engagement déjà fort auprès des pauvres ou des malades, ou encore dans la catéchèse, des religieuses ont posé la question de l’ouverture aux femmes à un diaconat permanent, en référence à l’Eglise primitive. Le Pape a ainsi rappelé que l’antique rôle des diaconesses n’avait jamais été vraiment clarifié, et s’est dit ouvert à la création d’une commission d’étude de cette question.
Pour une meilleur représentation des femmes
Les consacrées ont aussi demandé la possibilité au Pape de pouvoir dire l’homélie pendant la messe. Le Saint-Père a tenu à faire la distinction entre la prédication tenue lors d’une liturgie de la Parole, qui peut être assurée sans difficulté par une femme ou un laïc, de la liturgie eucharistique, où l’homélie est intrinsèquement liée à la présidence de la célébration, propre au sacerdoce. Le Souverain Pontife a souhaité mettre en garde contre deux tentations : celle du féminisme -parce que la femme vit dans l’Eglise avec sa haute dignité de baptisée- et celle, tant de fois stigmatisée du cléricalisme, qui se vérifie quand les prêtres prétendent gérer seuls leurs paroisses, sans stimuler la synodalité et la collaboration.
Le Pape a souhaité par ailleurs que les femmes soient mieux représentées au sein de la congrégation pour les instituts de vie consacrés et sociétés de vie apostolique, un dicastère dans lequel toutes ces questions sont actuellement débattues.
Le service n’est pas une servitude, a poursuivi François dans son dialogue avec les religieuses, qui a rendu hommage à la « maternité » de nombreuses religieuses dans leur service des plus marginalisés, mais dénoncé certains cas où ce service n’était réduit qu’à une activité servile à destination d’une paroisse, d’un presbytère.
La tentation de se “momifier”
Concernant les blocages de nature canonique qui regardent la réforme des Congrégations et Instituts, le Pape s’est dit prêt à apporter des petites modifications juridiques mais a tenu à préciser que ces modifications ne sauraient qu’être le résultat d’un discernement approfondi de la part des autorités compétentes.
La question des vœux perpétuels et de l’engagement pour la vie, qui fait peur à de nombreux jeunes, a également été soulevée par les religieuses. Le Saint-Père a évoqué Amoris Laetitia sur la préparation des fiancés au mariage, et évoqué l’exemple de Saint Vicent de Paul qui avait opté pour la voie de vœux temporaires.
Toute consacré doit avoir une vie mystique, a affirmé François, mettant en garde la tentation d’être de se « momifier » : le charisme demande de service malgré les mauvaises langues ou les calomnies, ceux qui voient en certaines religieuses des « activistes sociales ».
François a enfin achevé cet échange en rappelant aux consacrées l’importance de savoir se reposer, et de ne jamais négliger l’échange avec les sœurs plus âgées ou malades, ce sont elles la mémoire des instituts et congrégations, avec leur expérience et leur sagesse a-t-il conclu. (OB)