Le marketing pervers de Calvin Klein

Par Edmond Furax

Pour certains, le scandale est un argument de vente comme un autre, lequel doit bien fonctionner puisque la marque Calvin Klein en joue très souvent. C’est ainsi que la dernière publicité pour les sous-vêtements de cette marque  met en scène le mannequin d’origine danoise Klara Kristin, 23 ans, au physique très juvénile presque infantile, la photographiant en contre plongée pour montrer sa culotte avec pour légende : “I flash in #mycalvins” soit “Je m’exhibe dans mes Calvins”.

Cette photo a provoqué la colère des internautes car c’est un “upskirting”, une photo prise par-dessous la jupe de la jeune femme. Beaucoup trouvent cette image très dérangeante car elle dépasse  le cliché osé ou hypersexualisé pour confiner à un acte de voyeurisme s’apparentant à du harcèlement sexuel, présentant un acte pervers et agressif comme étant sexy et glamour.

Depuis, les commentaires négatifs pleuvent sur le compte Instagram de la marque : “Quelle honte, jetez tous vos Calvin Klein”, dit un utilisateur qui appelle, comme beaucoup d’autres, au boycott. “Et si un pervers prenait la même photo de votre soeur ou de votre fille ? Ce n’est pas sexy, c’est pathétique”, renchérit un autre. “Vous encouragez les gens à agir contre les femmes avec vos pubs. Vos mannequins ont peut-être des gardes du corps, mais ce n’est pas le cas des femmes qui se font agresser de cette manière malheureusement”, peut-on encore lire parmi les commentaires.

Le National Center on Sexual Exploitation (NCOSE), organisation dédiée à la lutte contre l’exploitation sexuelle, l’objectivation et la violence, a  lancé une pétition. Cet organisme, dont le nom était “Morality in Media” (moralité dans les médias) jusqu’à l’an dernier, demande lui aussi à Calvin Klein d'”arrêter de normaliser le harcèlement sexuel et de le rendre glamour”.

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Depuis sa création, les campagnes publicitaires de Calvin Klein ont régulièrement présenté un aspect très sexué, souvent avec des mannequins androgynes et très jeunes. En 1981, l’actrice américain Brooke Shields, âgée de 16 ans, avait posée en jean Calvin Klein, jambes écartées, dans un spot publicitaire, dans lequel elle demandait, en fixant la caméra: “Vous voulez savoir ce qui se met entre moi et mon Calvin? Rien.”

Il est vrai que cette dernière photo est de mauvais goût, de là à ce qu’elle soit responsable d’actes pédophiles, d’une recrudescence de photos prises par des maniaques ou des prochains événements type viols en série à Cologne?

Que certains s’en indignent est fort compréhensible mais ce qui est très gênant c’est que ces indignés, pour la plupart des féministes enragées, sont les mêmes qui ont minimisé les agressions sexuelles de Cologne et d’ailleurs…  tout comme  les comportements effrayants des “invités” que la mondialisation nous oblige à recevoir.

Les publicitaires savent parler à leur cible et les satisfaire, c’est leur métier. Ils le répètent et s’en servent beaucoup: le sexe et la provocation font vendre. Que l’on soit choqué ou pas: c’est ainsi. Si demain, la mode se fait puritaine, marchands et pubeurs changeront immédiatement de stratégies.

En rétorsion, l’on est libre de boycotter les marques qui en usent et abusent mais autant de récidives et la pérennité de Calvin Klein tendraient à prouver  que cela plait à ses clientes.

Et tel est pris qui croyait prendre, le coup était très bien calculé. Depuis plusieurs semaines, le nom de Calvin Klein a encore envahi la presse internationale, offrant à cette marque une énorme couverture médiatique au prix d’une simple photo, soit beaucoup de bruit inutile pour un très gros bénéfice.

 

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