Sans donner de consignes de vote, plusieurs obédiences maçonniques ont appelé à voter «de manière éclairée» à la présidentielle. Parmi elles, le Grand Orient de France souhaite très précisément barrer la route à Marine Le Pen.
Rassemblant quelque 90 000 membres, soit la moitié de la maçonnerie française, sept obédiences ont lancé le 13 avril un «appel républicain» et unitaire. Elles ont appelé à faire barrage «au racisme, à la haine de l’autre et aux murs», revendiquant «leur idéal humaniste universaliste» et rappelant «leur attachement à la République».
«C’est une initiative rare que nous prenons, à dix jours du premier tour», a souligné lors d’une conférence de presse à Paris le grand maître de la la Fédération française du Droit humain, Alain Michon. «Il va de soi que nous ne donnons pas de consigne de vote. Mais nous voulions rappeler quels sont nos principes et valeurs», a-t-il ajouté.
Cet «appel républicain» qui invite à voter «de manière éclairée» à la présidentielle a été signé par le Grand Orient de France (GODF), la Fédération française du Droit humain (FFDH), la Grande Loge féminine de France (GLFF), la Grande Loge féminine de Memphis Misraïm (GLFMM), la Grande Loge mixte universelle (GLMU), la Grande Loge mixte de France (GLMF) et la Grande Loge des cultures et de la spiritualité (GLCS).
Le Grand Orient veut faire barrage au FN et demande une autocritique des partis traditionnels
«Marine Le Pen, aujourd’hui, c’est du néoboulangisme», a accusé le grand maître du Grand Orient, Christophe Habas, en référence au général Boulanger, figure nationaliste du second XIXe siècle. «L’entreprise de “respectabilisation” qui est la sienne ne doit pas occulter les racines avec lesquelles elle n’a pas coupé», a-t-il ajouté, estimant que la candidate FN s’inscrivait «dans un vaste mouvement européen de résurgence des néopopulismes».
Selon le dirigeant de la première obédience française (environ 50 000 membres), «appeler à la vigilance et à faire barrage au Front national, c’est aussi appeler les partis traditionnels à faire leur autocritique». Le grand maître du GODF a appelé de ses vœux «des politiques qui arrêtent de nous servir toujours la même eau tiède, ce qui aujourd’hui ne marche plus et renforce les extrêmes».