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Par Charles Sannat
Tous les ans 120 millions d’euros sont dépensés par les industriels pour faire du lobbying auprès de la Commission Européenne.
Les élections européennes, c’est bientôt, c’est même demain, le mois prochain en réalité et la guerre est déclarée entre europathes et europhobes. C’est un match de manipulation et de communication où les opérations d’illusions d’optiques et financières tiennent une place centrale. L’objectif est de positionner l’Europe d’une façon négative ou positive dans l’esprit des gens. Aucune des informations sortant maintenant ne peut être vue autrement que par le prisme des élections à venir.
Hier, la Grèce, sauvée des eaux grâce à la magie et à la prescience des institutions européennes, annonçait son retour sur les marchés qui fut un « véritable succès » avec l’émission obligataire du jeudi 10 avril 2014. Que n’entend-on pas ! Voici le titre d’une dépêche AFP, qui n’est plus une dépêche tant elle est longue comme le bras… ceux qui en auront le courage (je me suis forcé) iront la lire rien que pour le plaisir de tenir entre leurs mains (ou leurs deux yeux devant l’écran du PC) un grand moment non plus d’information mais de propagande institutionnelle. « La Grèce, de retour sur les marchés, séduit les investisseurs »…
Oui mes amis, la Grèce séduit les « zinvestisseurs », elle séduit sans doute grâce à sa forte croissance, à son potentiel économique démentiel, ou encore un taux d’endettement public tellement bas qu’il n’y a aucun risque à prêter à la Grèce. Elle séduit aussi sans doute grâce au rendement proposé (4,75 % nettement en dessous de l’objectif fixé entre 5,25 et 5,50 %), elle séduit par son système fiscal et sa capacité à faire rentrer les sous dans les caisses de l’État grec et évidemment par l’absence de travail au noir par exemple. La Grèce EST le pays dans la meilleure situation économique, ce qui fait que placer son pognon dans des obligations de l’État grec est LA bonne affaire de 2014 à ne surtout pas laisser passer…
Pour ceux qui ne connaissent pas encore mon humour, c’est évidemment ironique tant ce qui se passe est gros comme une maison. L’AFP donc part dans un délire d’optimisme béat auquel nous devons tous nous associer en hurlant de joie et tous en cœur : « Vive l’Europe ! Vive la Troïka ! Vive l’austérité !! Encore, encore, encore, faites-nous mal c’est bon !! »
« La première émission de dette grecque depuis quatre ans a suscité l’attrait des investisseurs au-delà des espoirs du gouvernement », ou encore « politiquement, le succès est plus grand que prévu, a triomphé le vice-Premier ministre Evangelos Venizelos », ou encore et celle-là je la trouve assez géniale : « Les marchés ont voté Grèce huit fois au moins. » (Il y avait huit fois plus d’acheteurs que d’obligations grecques disponibles.) Et pour conclure définitivement sur le sauvetage éternel de la Grèce : « Cette opération marque la satisfaction d’un pays auquel les plus pessimistes prédisaient une sortie de l’euro il y a deux ans encore. »
Je vous passe le reste des 3 pages de l’AFP qui sont un panégyrique de la nouvelle Grèce moderne et transformée par l’intervention d’une Europe gentille et bienveillante qui a su sauver les Grecs d’eux-mêmes et qui donc ne va pas tarder à venir s’occuper de vous, mes petits concitoyens français. Tout de même, l’AFP, dans un louable soucis d’objectivité, est obligée de relever que tout cela a été « entaché cependant par un attentat visant la Banque centrale qui n’a pas fait de victime »… Ouf pas de morts. Dommage pour BFM TV et ses directs mais tant mieux pour cette belle opération qui, si elle avait été arrosée de giclées de sang chaud de victimes innocentes (le pire c’est les enfants), aurait pu reléguer le plan de communication savamment orchestré de nos europathes au second plan des « zinfos », ce qui aurait été raté (on se fout comme d’une guigne des victimes, l’important c’est de s’en tenir au plan de communication, ne soyez pas naïfs à ce point).
C’était donc une belle opération de nos europathes qui viennent de marquer un beau but, mais les europhobes n’ont pas dit leur dernier mot et reviennent pour l’égalisation le même jour d’ailleurs, ce qui en est presque drôle en terme de plan média…
Et buuuuuuuuuut d’égalisation avant la mi-temps de l’attaquant des europhobes !
Comment le lobby financier pèse sur Bruxelles !
Hahaha, ça c’est un coup bas. Attaquer sur le flanc sur l’idée de l’Europe soumise aux lobbies c’est super vache parce que c’est quand même super vrai !!
C’est un article du Monde (pas franchement europhobe comme canard si vous voyez ce que je veux dire) qui revient sur ce « scandale » qui est en fait un bon gros vieux marronnier tant il est connu qu’à Bruxelles « la soupe est vraiment très très bonne », loin de la cantoche dégueulasse de l’Élysée, la résidence officielle du gouvernorat de la province française de l’empire européen… Bref, Le Monde nous apprend que : « 120 millions d’euros : il s’agit du montant, en euros, dépensé chaque année par l’industrie financière en actions de lobbying à Bruxelles, auprès des institutions européennes. C’est ce que révèle le think tank européen Corporate Europe Observatory (CEO), mercredi 9 avril. Selon ce dernier, la finance emploie 1 700 lobbyistes dans la capitale belge, soit bien plus que tous les autres secteurs.
Le rapport de CEO, intitulé «The Fire Power of the Financial Lobby», est publié à la veille des élections européennes et alors que nombre de régulations, comme celle visant à instaurer une taxe sur les transactions financières, sont encore en négociation à Bruxelles. Pour obtenir ces estimations, les experts de CEO ont passé au crible le «registre de transparence» instauré en 2008 sous la pression des eurodéputés, et où toutes les organisations exerçant du lobbying sont censées s’enregistrer. «Comme l’enregistrement est volontaire, le véritable nombre de lobbies est sans doute plus élevé», remarque le rapport.
Les chercheurs ont également épluché des dizaines d’autres documents, comme les «Lobbying contact reports», ou «rapports des contacts avec les lobbies», des Conservateurs Britanniques. On y découvre que sur les six premiers mois de 2013, les 25 députés européens Conservateurs du Royaume-Uni ont rencontré 74 représentants de l’industrie financière ou assimilés. «Les régulations en cours, comme celle des produits dérivés, ont été discutées lors de ces réunions, explique le rapport. Parmi les organisations actives, JP Morgan, Citigroup et Goldman Sachs étaient également présentes». » Bref, cet article est une longue litanie politiquement correct du lobbying qui n’est, dans beaucoup de cas, qu’une façon fort politiquement correcte de parler de corruption ou de paresse.
Pour la corruption, tout le monde voit de quoi il s’agit puisqu’il s’agit « d’acheter » le vote ou la décision d’un élu. Pour la paresse, c’est un peu différent. En fait, beaucoup de politiques ne comprennent pas grand-chose pour ne pas dire rien du tout à ce qu’ils doivent voter ou, encore pire, proposer. Vous avez donc toujours une âme charitable appartenant à un lobby prête à consacrer gentiment son temps et celui de ses avocats à rédiger à votre place la proposition de loi que vous ne manquerez pas de soumettre au vote de votre estimable assemblée… Et voilà comment on se retrouve avec une législation pour les vendeurs de nouvelles ampoules ou encore une limitation de la puissance des aspirateurs à moins de 100 watts…
Il n’en fallait donc pas beaucoup pour que la rumeur affirme que cette nouvelle loi était défendue et portée par Dyson, le seul fabricant d’aspirateurs sans sac qui n’aspirent pas beaucoup ou en tout cas parfois moins que les plus puissants… Enfin c’est ce que disent les esprits très mal intentionnés, ne voulant pas de procès avec Dyson (je n’ai pas les moyens) répétez avec moi, « vive les aspirateurs sans sac Dyson, les meilleurs aspirateurs de l’univers tout entier »…
Avec ça, impossible de me traîner devant les tribunaux pour diffamation d’une marque extraordinaire marquant de façon marquante les esprits de tous les consommateurs et… des députés européens ! Évidemment, ce genre de « révélations » qui n’ont rien de nouveau fait un petit peu tache à quelques encablures de l’élection des députés européens.
Europhobe 1. Europathe 1. Match nul à la mi-temps. Ici Bruxelles à vous « Cognac G ».
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!