Adjugé, volé: le scandale de Drouot!

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Association de malfaiteurs, vols ou complicité de vols en bande organisée, recel, voire blanchiment…. C’est un procès rare qui va se tenir à partir du 14 mars 2016  et pour trois semaines devant le tribunal correctionnel de Paris.  C’est en 2009 que l’on découvrait le scandale et l’ampleur des vols à Drouot!  Quarante neuf personnes – quarante quatre commissionnaires, dis Cols rouges ou Savoyards, quatre commissaires-priseurs et un dirigeant de vente volontaire – vont ainsi comparaître. L’Union des commissionnaires de l’Hôtel des Ventes (UCHV), chargée du transport et de la manutention à Drouot au moment des faits, est aussi impliquée en tant que personne morale.

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Adjugé, volé de Michel Deléan: un livre pour raconter

Voici plusieurs années qu’une information judiciaire a été ouverte au sujet d’une filière d’écoulement d’objets volés lors de successions ou (de) déménagements au sein même de l’hôtel de ventes de Drouot. Il est question de meubles anciens, d’horloges, d’émaux, de bibelots, de bijoux, de livres anciens, de tableaux. Et il est question notamment de Cocteau, de Braque, de Dubuffet, d’Ernst, de Masson, de Léger, de Courbet, etc. Par suite, Michel Deléan « se propose de lever le voile sur certaines pratiques occultes et assez anciennes ayant cours autour de l’hôtel des ventes de Drouot et en son sein ; elle se base notamment sur plusieurs centaines de documents inédits, issus des investigations menées depuis 2009 par les services de police et la justice, auxquels l’auteur a pou avoir accès ».

Comme l’auteur lui-même rappelle que les mis en cause dans le cadre de cette information judiciaire bénéficient de la présomption d’innocence, ce ne sont donc pas les développements du livre relatifs à l’enquête policière et à l’information judiciaire que l’on voudra retenir du livre (la restitution des procès-verbaux d’auditions et d’écoutes téléphoniques constitue l’ouvrage à plus de 75%).

L’on peut grappiller dans le livre de Michel Deléan des informations sur l’histoire et l’économie des salles de ventes, du marché des œuvres d’art, de la circulation licite ou illicite des œuvres d’art. C’est un univers de traditions que décrit l’auteur : la tradition de cooptation des commissionnaires de Drouot ; la tradition de savoir-faire et d’ardeur au travail des commissionnaires ; les traditions caractéristiques des relations entre les commissaires de Drouot, les commissaires-priseurs, les sociétés de vente commerciale de l’Hôtel Drouot, les brocanteurs et les collectionneurs. Mais aussi la tradition des yape (on parle encore de gnape(s) ou de crapoutche(s)), autrement dit des vols. « Au départ, racontent les anciens, la yape consiste à récupérer des objets que les commissaires-priseurs laissent de côté, avec ou sans leur accord, lors d’un enlèvement. C’est à la fois une tradition et un péché véniel aux yeux des Savoyards [les commissionnaires] de Drouot, qui se targuent d’être de gros travailleurs. La yape, c’est aussi la fauche, après-coup, de ce qui n’a pas été pointé et inventorié par les commissaires-priseurs ou leurs employés… ».

Source

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Rappel chronologique de cette affaire

Février 2009
Une dénonciation anonyme parvient, le 16 février 2009, à l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) : un membre de l’Union des commissionnaires de l’Hôtel des Ventes de Drouot, affirme-t-elle, est en possession de « Paysage marin sous ciel d’orage », une toile de Gustave Courbet volée en 2003. Une enquête préliminaire est ouverte. Des écoutes téléphoniques et des surveillances physiques sont mises en place.
Mai 2009
Les premières investigations révèlent l’existence d’un système généralisé de vol au sein de l’UCHV – avec la complaisance de certains commisseurs-priseurs. Le 18 mai 2009, une information judiciaire est ouverte.
Décembre 2009
Lors d’un coup de filet dans les sous-sols de Drouot et dans l’entrepôt de l’UCHV à Bagnolet, ainsi que chez des commissionnaires, les policiers retrouvent des objets d’art et des tableaux disparus, notamment le fameux Courbet. Douze personnes sont dans un premier temps interpellées.
Février 2010
La direction de Drouot annonce la suppression du monopole de fait détenu par l’UCHV. Plusieurs prestataires extérieurs travailleront désormais au côté des « Savoyards » ou « cols rouges ».

Juillet 2010
L’UCVH est mise en examen en tant que personne morale le 21 juillet 2010. Elle ne sera bientôt plus autorisée à exercer. Drouot lance un appel d’offre pour la remplacer – c’est l’entreprise Chenue qui sera choisie à la mi-septembre.
Septembre 2010
Les conclusions du rapport réclamé par la ministre de la Justice de l’époque, Michèle Alliot-Marie, après le scandale des ventes à Drouot sont accablantes. Il met en évidence le déclin et l’opacité de l’institution et souligne la nécessité de changer la gouvernance de la célèbre maison et d’ouvrir son capital.

Décembre 2010
Dans une interview aux « Echos », Georges Delettrez, président de Drouot Holding, assure que « 100% des manutentionnaires » ont été changés et que « Drouot est une forteresse imprenable et insubmersible ». Il ajoute s’opposer à une ouverture du capital.

Janvier 2011
Dans un livre intitulé « Adjugé, volé », le journaliste Michel Deléan revient sur l’affaire des vols de Drouot. Il donne des détails saisissants sur l’ampleur du trafic qui s’était organisé à l’hôtel des ventes. « C’est vrai, on en a tous croqué un jour ou un autre », admet ainsi un commissionnaire…

Octobre 2011
Après le scandale des vols des « Savoyards », Drouot engage sa transformation et réaménage ses structures.
Juillet 2012
Le Conseil des ventes volontaires (CVV), organisme de régulation des ventes publiques nationales, décide de suspendre pour deux mois le commissaire-priseur Claude Aguttes, président du conseil de surveillance de Drouot Enchères (la filiale chargée de gérer les salles de vente), accusé d’avoir « manqué de vigilance quant à la provenance d’un tableau et à l’identité de son propriétaire ». Une affaire remontant à 2007 qui tombe bien mal, Claude Aguttes ayant été choisi en septembre 2011 par Georges Delettrez pour remettre de l’ordre dans la maison…
Septembre 2012
Appelé à se prononcer sur son cas, le conseil d’administration de Drouot prend le risque de maintenir Claude Aguttes dans ses fonctions.

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