Les sages de la rue de Cambon viennent de donner du grain à moudre aux anti-Linky. Dans leur rapport du 7 février dernier portant sur les compteurs communicants et leur déploiement (cf. rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes, février 2018), ils dénoncent un dispositif « avantageux pour Enedis », mais « coûteux pour le consommateur ». Un dispositif que l’Allemagne, notamment, a choisi de développer avec prudence en raison d’un modèle jugé économiquement déséquilibré. Chez nos voisins, seuls 30 % des foyers seront équipés.
Quand on sait que les principaux arguments du distributeur sont « rapprochement des intérêts des opérateurs et des consommateurs », « source de gain de temps et d’argent », « évolution positive pour le confort de l’abonné », les conclusions des sages font l’effet d’une bombe.
« Vous n’avez strictement rien à payer ni maintenant ni plus tard. Les frais de cette intervention sont pris en charge par Enedis. »Extrait d’un courrier d’Enedis, daté du 16 janvier 2018.
Derrière ce mensonge cynique dont nous sommes les victimes se cache également une opération juteuse. Si les conditions de financement accordées par la Banque européenne d’investissement (BEI) à Enedis sont moindres (0,77 %), le taux d’intérêt appliqué au consommateur final est, lui, beaucoup moins intéressant : 4,6 %. Résultat : 500 millions d’euros dans la poche d’Enedis, selon le calcul de la Cour des comptes.
« Les coûts de pose des compteurs ont été optimisés, mais cette optimisation a été faite au détriment de la communication avec les usagers », d’après les magistrats financiers.
Autre point fâcheux pointé par les sages : une insuffisance de communication. L’utilisateur ne sait pas comment s’y prendre pour réaliser des économies d’énergie et bénéficier des prétendus atouts du Linky. Restant moins de trente minutes sur place, les sous-traitants installateurs ne peuvent pallier le manque de pédagogie pratique. Enedis avoue à demi-mot son échec : 3 % des ménages équipés acceptent de transmettre leurs données de consommation.